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Tu es franc-maçon, il est rosicrucien : quel intérêt pour les Camerounais ?

 

Depuis quelques semaines, c’est le sujet qui fait les choux gras de la presse. C’est un sujet sensible que Charles Ateba Eyene, en écrivant son dernier bouquin a mis sur la table et la scène publique : celui des loges et des organisations sécrètes. Je n’ai pas encore lu le livre pour des raisons que vous connaissez certainement : il est introuvable dans les librairies de Yaoundé parce qu’il aurait été suspendu de vente à la suite de la plainte déposée par le ministre Tchuinté au tribunal de grande instance de Yaoundé. Cette dame est citée parmi les francs maçons dans le livre de Charles Ateba Eyene.  Après les articles de presse et surtout le passage de Charles Ateba, tout jeune membre suppléant du Comité central du RDPC, j’ai pu me faire une idée de ce document et comprendre la problématique générale en attendant de le lire véritablement.

D’après tout ceci, Charles Ateba Eyene n’irait pas à l’encontre des loges maçonniques et rosicruciennes mais se questionne sur la place de ces organisations dans l’ascension sociale des cadres  et de l’élite Camerounaise. Selon lui, au Cameroun, ces cercles sont devenus comme des groupements culturels où on assiste à une sorte de privilège et de discrimination lorsque tu es de mon cercle ou pas.  Je ne peux pas me prononcer sur les loges et les temples car se prononcer sur ces questions méritent un regard actif, ce qui n’est pas le cas.

 

Comme d’habitude, Charles Ateba Eyene nous sert des plats intéressants mais dans un contexte qui ne s’y prête pas. A l’heure actuelle où les débats sont centrés autour de la justice Camerounaise, des relations entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif, de l’opération épervier qui est une opération à tête chercheuse, le communicateur nous sort un ouvrage pour distraire et désorienter l’opinion vers d’autres illusions. La place des cercles ésotériques dans notre société n’est pas négligeable et à la différence de certains intellectuels, Charles a le mérite d’être vrai en touchant ce problème non pas dans le fond, non pas en soi mais dans la forme c’est-à-dire : doit-on privilégier un Camerounais moins compétent parce qu’il est de son obédience philosophique, religieuse, d’un Camerounais plus compétent qui n’en est pas ? C’est clair que le problème de la nation, du citoyen peu importe son obédience se pose une fois de plus. Pour qui travaillons-nous ? Mais le contexte de cet ouvrage décrédibilise un peu l’ouvrage et surtout la position de notre chef par rapport à ce qui y est dit. Je veux préciser qu’à l’heure où les Camerounais ont soif de savoir ce qui se passe réellement au sujet des affaires Marafa, Kamto, et bien d’autres, Charles Ateba Eyene atterrit comme le sauveur avec un thème qui n’est pas d’intérêt général. Une semaine après la présentation du livre, il a bien piégé les gens. La presse en parle, les débats du week-end aussi, tout le monde dans la rue s’en est approprié. D’ailleurs l’interdiction ou la suspension de la vente de cet ouvrage ne fait que le rendre plus populaire et distraire le peuple qui, plus que jamais, a des défis imminents en ce qui concerne la gestion du pouvoir et surtout les fruits de la justice.

 

Ensuite, la démarche de cet ouvrage qui consiste à citer des personnes  et leurs obédiences philosophiques est, à mon avis, une bassesse intellectuelle. L’auteur aurait dénoncé des faits et proposé des solutions sans citer les contemporains qu’on aurait compris. Mais la règle élémentaire : « on ne cite pas les contemporains » l’a certainement échappé. Finalement, à quoi ça sert au Camerounais de Fomopea de savoir que tel est Franc Maçon ou pas ? L’appartenance philosophico-religieuse de quelqu’un est-elle un sujet d’intérêt public ? C’est à ce niveau que le bas blesse. Quel intérêt a-t-il à citer les noms des gens qui appartiennent à ces loges ? S’il avait utilisé les données statistiques des membres du gouvernement appartenant à ces cercles sans pour autant les citer, son texte aurait eu plus de crédibilité, d’objectivité et moins de subjectivité. Cet intellectuel parfois très perspicace a piégé tout une scène mais s’est aussi piégé lui-même et remet, au jour le jour, en cause sa qualité d’intellectuel. Au demeurant, de part mon expérience de lecteur de textes scientifiques, il ne m’est jamais apparu dans un ouvrage de la sorte de lire le nom de personnes citées pour avoir fait quelque chose. On peut citer des auteurs, des témoins oculaires et bien d’autres. Mais on ne peut pas écrire un ouvrage qu’on prétend scientifique pour citer les noms des gens qui sont Rosicrucien, franc maçon… Je me demande bien : quel intérêt pour les Camerounais ?

 

Aucun et je dis bien aucun intérêt pour les Camerounais. Comme aucun intérêt d’un débat de la sorte alors que des questions plus importantes méritent leur attention. Dans le fond comme je l’ai rappelé, je ne suis pas contre Charles Ateba Eyene mais dans la forme et surtout le contexte de son ouvrage, je ne suis pas d’accord avec lui.  C’est leur problème s’ils sont franc maçons, l’essentiel est qu’ils servent la République avec patriotisme.

 

 

Titre: «Le Cameroun sous la dictature des loges, des sectes, du magico-anal et des réseaux mafieux. De véritables freins contre l’émergence en 2035. (La logique au cœur de la performance)», Charles Ateba Eyene, Edition Saint-Paul Yaoundé (septembre 2012),



08/10/2012
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