L\'Afrique peut!

L\'Afrique peut!

De l’incertitude à la confiance : quel renouveau pour une transition pacifique?

30 ans de règne marqués par l’incertitude, l’hypocrisie au sein de la société et de la classe politique du Cameroun. Nous proposons au chef de l’Etat, un autre « Renouveau » pour créer la confiance et la tolérance et favoriser une transition pacifique.

 

 


 

paul Biya pretait serment.

 

Transition incertaine


Tout commence le 04 Novembre 1982 lorsque le « père de la nation », Ahmadou Ahidjo annonce cette phrase sur les ondes de la radio nationale : « Camerounaises, camerounais, mes chers compatriotes, j’ai décidé de démissionner. Cette décision prendra effet le samedi 06 Novembre à 10h. » Deux jours après, cet à dire le 06 Novembre 1982, Paul Biya, alors premier ministre âgé de 49 ans, prit les commandes du navire Cameroun. Ceci a été rendu possible grâce à la révision constitutionnelle du 29 Juin 1979 qui fit du premier ministre le successeur du chef de l’Etat. Différente de la constitution en vigueur qui prévoyait qu’en cas de vacance du pouvoir, le chef de l’Assemblée nationale avait la charge d’assurer l’intérim.

Les Historiens ne sont pas encore unanimes sur les raisons du départ. La seule certitude est que ce départ fut précipité par des forces tapies dans l’ombre quant on observe la suite des évènements notamment la tentative de coup d’état d’avril 1984.  Le 06 Novembre 1982, s’ouvrait une nouvelle page de l’Histoire de notre pays. Une page pleine de stupeur compte tenu du départ de son précédent président fondateur mais une page plein d’espoir en un homme pétri d’expérience aux hautes fonctions. 30 ans après, qu’est ce qui a été fait ? Qu’est devenu le « Renouveau » ?

Le régime Biya n’a pas été que mauvais comme on le fait souvent croire. Il a juste eu du mal à s’adapter aux réalités de l’heure au fil du temps. Paul Biya est arrivé au pouvoir à une période où l’économie camerounaise était relativement bonne à la suite des plans quinquennaux mis sur pieds par son prédécesseur. En même temps, le système politique Camerounais de l’époque était monolithique. « Un peuple, un chef, une nation », le potentat et la nation ne faisait qu’un (cf. Achille Mbembe, Sortir de la Grande nuit). Il parlait de l’Unité ! Une fois au pouvoir, après la tentative de coup d’état de 1984, le jeune chef de l’Etat a pris soin de mettre aux hautes fonctions de nouvelles personnes. Dans le même temps, pour réduire l’autorité de Ahmadou Ahidjo, resté chef du parti au pouvoir, L’UNC (Union Nationale du Cameroun), Paul Biya et ses camarades transformèrent  l’UNC en RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais) en 1985 au congrès de Bamenda. Ce fut le véritable début de l’ère Biya complètement débarrassé de Ahmadou Ahidjo.

 

Une crise de bienvenue aux multiples conséquences


L’élément fondamental qui a marqué la décennie 1980 est la crise économique de 1986 liée à la chute sur le marché mondial des cours des matières premières comme le Cacao, le pétrole. Le Cameroun, étant un grand producteur de ces matières n’a pas échappé à la crise. La chute des recettes a eu un impact sur le budget. Même s’il y’a eut chute des cours des matières premières, il est à noter la mauvaise gouvernance à l’époque. Car, la gestion d’un secteur comme le Cacao fait état de ce que ceux qui en avaient la charge s’enrichissaient personnellement au lieu de permettre aux producteurs de travailler véritablement (Fanny Pigeaud, Au Cameroun de Paul Biya).

Dans une impasse totale, le président de la République s’est vu contraint à aller à Bretton Woods après avoir manifesté son refus de s’y rendre. C’est ainsi que le Cameroun sollicita le plan d’ajustement structurel qui consistait à recevoir des prêts de la Banque Mondiale et du FMI (Fond Monétaire International) sous conditionnement. Ce conditionnement consistait principalement en la réduction du train de vie de l’Etat. Dans les faits, il fallait réduire le budget de certains secteurs comme l’éducation, il était aussi question de réduire les salaires des fonctionnaires. Bref, les données devaient changer pour obtenir des prêts. L’impact de cette première crise que nous pouvons qualifier de crise de bienvenue a été triple : dégradation de l’économie camerounaise, dégradation du climat social et « libéralisation » politique.

La dégradation de l’économie Camerounaise a été inéluctable dans la mesure où, les prêts et les dettes contractés par l’Etat ont mis notre pays sous dépendance des institutions de Bretton Woods et ont empêché l’industrie Camerounaise de connaitre un envol considérable. Par ailleurs cette situation a réorienté le budget Camerounais vers d’autres priorité donc la plus manifeste était le remboursement des dettes. Il fallait rembourser les dettes et licencier plusieurs personnels de l’Etat. Les fonctionnaires de cette période ont vécu un enfer car quand ils n’étaient pas remerciés, leurs salaires étaient revus à la baisse. Les répercussions allaient jusque dans les familles où les parents étaient incapables de subvenir aux besoins de leur progéniture. Laquelle progéniture se lança dans la délinquance et autres pratiques tels que la prostitution pour avoir le pain quotidien. En plus, comme le montre si bien Patrice Nganang dans son Roman Temps de Chien, la population face à la crise a trouvé refuge dans l’alcool pour noyer ses soucis et outrepasser ce « temps de chien ».  A tous les niveaux de la société, les répercussions de la crise se sont faites ressenties. La chute du mur de Berlin et la fin des dictatures de l’Ex URSS en 1989 ont contribué, en plus de la situation sociale, aux revendications populaires des années 1990.

En effet, après plus de 40 ans de guerre par alliés opposés, les USA et l’URSS vont enterrer la hache de guerre. Ce qui va entrainer la chute du mur de Berlin, l’un des symboles forts de la division du monde. Après cette chute, la plupart des Etats de l’ex URSS vont adopter les régimes démocratiques. En Afrique, ce sera aussi le cas grâce aux pressions de certains leaders occidentaux mais surtout des rues africaines. Pour l’Afrique Francophone, par Exemple, le célèbre Discours de la Baule au sujet de la prime à la démocratie du président Mitterrand est resté célèbre. Mais ce sont les populations qui, par leur hargne et surtout leurs aspirations à de meilleures conditions de vie vont pousser les pouvoirs vers un desserrement des systèmes politiques et une libéralisation du champ politique. Au Cameroun, c’est à cette période que les partis vont naitre même si le pouvoir en place refuse la tenue d’une conférence nationale souveraine. John Fru Ndi, un transfuge du RDPC,  mènera la barque en mettant sur pied le premier parti de l’opposition post guerre froide au Cameroun. La période 1990-1996 va être marquée par des vives tensions liées aux conséquences de la crise économique. Ajoutée à ces tensions, les premières élections multipartistes législatives et présidentielles se tiendront en 1992. Selon certains observateurs, c’était la seule occasion pour l’opposition de prendre le pouvoir au Cameroun car, à la suite des législatives de 1992, l’opposition Camerounaise était majoritaire au Parlement (Cf. Valentin Ndi Mbarga, Ruptures et continuités au Cameroun), mais un manque d’union les a empêchés de faire front uni contre le pouvoir de Biya. Cette division sera tout au long du renouveau, le principal bémol de l’opposition Camerounaise. En plus, la présidentielle de 1992 a connu une proximité entre les deux premiers (Paul Biya et John Fru Ndi) si bien qu’aujourd’hui, pour beaucoup de politiciens, le vainqueur de cette élection fut le chairman mais à travers la fraude, Paul Biya a été déclaré vainqueur (cf. Rapport de International Crisis Group, Rapport du NDI in Ruptures et continuités au Cameroun). Une absence de consensus qui va être par la suite la marque de fabrique des échéances électorales au Cameroun.

 

Ces mouvements qui ont secoué le Cameroun avaient comme lieu d’expression, l’Université de Yaoundé qui était l’unique avant la réforme universitaire de Janvier 1993. Une reforme universitaire qui a permis au Cameroun d’avoir six universités publiques : Université de Yaoundé I et Yaoundé II, Université de Douala, Université de Dschang, Université de Ngaoundéré, Université de Buea. Une avancée considérable pour un pays comme le notre car sans le savoir, il est impossible d’envisager le futur, même si l’Université Camerounaise n’a toujours pas tenu les promesses des fleurs et restent en marge de l’évolution de son temps : manque d’enseignant, manque de centres de recherches, lieu d’expression de l’opinion politique et des motions de soutien.

Les conséquences de cette situation sont l’absence d’une Université Camerounais dans le classement des cent universités Africaines. L’Université comme les établissements du secondaire sont devenus des récompenses politiques suite à des élections si bien que c’est chaque région qui réclame la sienne. Le Cameroun a d’ailleurs connu en quelques années, la naissance de deux universités : Université de Maroua et l’Université de Bamenda avec des écoles de formation. Il faut aussi noter la naissance des écoles privées de formation. C’est une avancée, selon nous. Mais, il est important de mettre davantage un accent sur la qualité de la formation.

 

L’hypocrisie succède à l’incertitude


Cette première phase du mandat ou du régime Biya qui s’achève en 1996 avec la constitution de 1996 est une phase de tensions, une phase difficile à maitriser par le président de la République mais qui a favorisé la mise sur pieds d’une « démocratie » embryonnaire. Ce que Mathurin Hougnipo a appelé « l’illusion démocratique » c’est-à-dire la naissance de plusieurs partis, la libéralisation du secteur de la presse, la mise sur pieds des textes juridiques y afférents mais il y’a toujours un chef suprême qui règne en maitre et qui est maitre de l’espace et du temps. Il maitrise seul le calendrier électorale, il détient certains pouvoirs subtils sur les autres pouvoirs, un article 53 qui lui consacre les pleins pouvoirs malgré cela, certains thuriféraires disent qu’il est mal entouré. Il trouve dans l’entourage du président fondateur, les raisons des déboires collectifs du renouveau. Que d’hypocrisie !

 

L’enjeu principal de la décennie 2000 a été la gouvernance et la lutte contre la corruption. Le Cameroun étant entré dans le cercle des pays pauvres et très endettés et des Etats sous Ajustement structurel, il fallait revoir le système de gouvernance pour avoir accès à une certaine aide internationale. C’est ainsi qu’à partir de 1997, on peut remarquer au Cameroun, une volonté de moraliser les mœurs. Une moralisation annoncée dès 1982 mais qui n’a jamais effectif. Les préludes de ce qu’on appellera plus tard l’opération épervier avec l’arrestation de Titus Edzoa, ex Secrétaire général de la présidence de la République dont les motifs d’arrestation restent, jusqu’à nos jours, flous. Cette arrestation a été qualifiée d’opération à tête chercheuse parce que le médecin Camerounais avait des ambitions politiques. Le chef de l’Etat, pour l’empêcher de matérialiser ses ambitions, a trouvé un subterfuge. Cette première arrestation ajoutée aux autres ont toujours soulevé un émoi collectif au sein de la population et décrédibilisent les fondements de la lutte contre la corruption. Certaines personnes s’insurgent contre le fait que nombreux de ceux qui sont cités dans l’opération épervier aurait une quelconque ambition politique. En plus, depuis 2006, date du début effectif de l’opération, que de choses ont été mises sur pieds (CONAC, ANIF, CHOC, Contrôle Supérieur de l’Etat) mais pas un seul Franc Cfa n’est rentré dans les caisses de l’Etat. Bien au Contraire, certaines sources bien introduites font état de ce que, depuis leur palais de Nkondengui, ces thuriféraires du régime en place pilotent des fortunes extravagantes. Opération épervier pour qui ? Nous n’allons pas revenir sur l’actualité récente mais l’enseignement global est que l’opération épervier qui se devait d’être une véritable opération d’assainissement des mœurs publiques est devenue une opération  à tête chercheuse qui a pour but de permettre au chef suprême de se perpétuer en évinçant tout potentiel adversaire qui serait dangereux.  Parlant de cette rigueur et moralisation annoncée en grande pompe au début du présent régime, il faut quand même s’interroger sur un fait. Comment depuis 1982, la classe dirigeante nous dit que nous sommes sous « rigueur et moralisation » alors qu’en 2012, tout un gouvernement se trouve en prison ? De quelle moralisation a-t-il été question ? Que d’hypocrisie !

Si nous devions qualifier le régime Biya, nous aurons utilisé le qualificatif « hypocrite ». 

 

L’opération épervier l’atteste si bien mais plus encore la révision constitutionnelle de2008. En effet, après avoir annoncé le projet de  révision de l’article 6.2 de la constitution dans son discours de fin d’année 2007, le texte sera adopté par l’assemblée nationale le 10 Avril 2008 malgré la désapprobation totale des quinze députés SDF qui crient au « coup d’Etat constitutionnel ». Cette modification, au sujet de la limitation des mandats du président de la République, va dans le même sens que les autres modifications constitutionnelles en Afrique qui ont un seul objectif : permettre au chef suprême de rester perpétuellement au pouvoir. C’est aussi la preuve de ce que la démocratie telle que prônée est tout, sauf pratiquée au Cameroun. Une révision constitutionnelle comme celle la n’est pas en même de favoriser l’alternance dans la gestion du pouvoir. En plus, le peuple n’a pas été consulté par un référendum pour savoir s’il voulait véritablement une modification constitutionnelle. Les émeutes de 2008 que les pouvoirs ont qualifiées avec maladresse « d’émeutes de la faim » prouvent l’idée selon laquelle le peuple ne cautionnait pas une telle fougue politique. Qualifiée de « coup d’Etat constitutionnel », cette révision en appelait un autre drame politique : l’élection présidentielle d’octobre 2011 sous fond de division entre les leaders politiques et entachée de fraudes multiples dans les différents bureaux de vote : des personnes qui votent plus de dix fois, des personnes qui s’inscrivent pour les autres, votent pour eux avant de leur remettre leurs cartes de vote… Autant de choses qui montrent que tout ce que le régime Biya a fait au sujet de la démocratie pendant 30 ans n’est que de l’hypocrisie. Tenez l’article 66 de notre constitution, le Senat… existe bien mais on ne les voit pas. D’ailleurs, le ministre de la Communication du Cameroun, Issa Tchirouma Bakary s’est insurgé un jour contre l’application de cet article et a dénoncé les Organisations Non Gouvernementales (ONG) réclamant l’application de cette disposition constitutionnelle comme travaillant pour des forces tapies dans l’ombre au service de la déstabilisation. Une hypocrisie doublée de la « maladroiteté » politique. Pourquoi avoir mis un article qu’on ne devait jamais appliquer ? Pour faire croire aux gens que nous évoluons, nous avançons alors que nous ne faisons même pas un pas. La conséquence est qu’aujourd’hui, beaucoup de gens sont tentés de proposer le monolithisme pour notre pays, indexant la démocratie comme étant inadaptée or rien n’a été essayé, des textes ont été façonnés mais leur application reste une illusion (cf. L’Etau de Aminata Dramane Traoré).

 

Qui sont nos modèles ?


La société Camerounaise est devenue, en trente années, une société sans modèle, une société sans héros reconnu officiellement et consacré comme tel sur la place publique, dans les discours et autres. Malgré la reconnaissance des nationalistes (Um Nyobe, Felix Roland Moumié, Ernest Ouandié…) comme héros nationaux en 1990, leur nom reste tabou dans les discours de nos politiques. Il est difficile de voir notre président fondateur faire référence à ces héros dans ses discours. Un silence complice entoure la commémoration des assassinats de ces héros. A coté de cela, aucune stèle Publique, aucun haut lieu ne porte leurs noms. Les leaders invitent les jeunes à connaitre ces héros mais  tout est fait pour qu’on ne les connait pas (mauvais état des archives, absence de leur combat dans les livres au programme…). Cela dit, chacun a son modèle c’est-à-dire quelqu’un qui l’inspire et à qui, il voudrait ressembler. Mais la nation doit reconnaitre les héros nationaux et les élever au panthéon national ; des héros non pas relatifs mais reconnus comme tels par la mémoire collective. « On reconnait une nation aux hommes qu’elle produit mais aussi à ceux qu’elle reconnait. » Qui sont les modèles des jeunes Camerounais ? Il n’y en a pas si ce ne sont des « feyman », des acteurs des téléréalités et autres films. Mais qu’ont-ils à nous apporter comme valeur relativement à la construction de notre vie ? La responsabilité incombe, certes, aux jeunes mais la place des pouvoirs publics et donc, du régime Biya, est indéniable quant on sait qu’aujourd’hui, les télévisions privées comme publiques consacrent une place importante à ces téléréalités, « téleovellas » et autres. Le Cameroun, les jeunes camerounais manquent donc de repères, ils manquent de veilleurs qui les maintiendront constamment en éveil à travers leur vécu et les valeurs qu’ils ont défendues parce que le régime a effacé nos héros de la circulation pour s’ériger en héros de la nation en commémorant 30 années de règne, ce qui est incroyable.

 

En l’absence de modèle, la jeunesse piétine


Dans un tel contexte, le régime en place a produit depuis une certaine période un nouveau style de jeunes que j’appelle les jeunes « griots » et « fanfarons ». Ce sont ces jeunes que la fameuse « prime à l’excellence » a produits et qui passent désormais le temps à chanter les louanges d’un régime sans avenir. Le culte du remerciement, du « griotisme » est devenu leur pain quotidien. Une jeunesse qui ne questionne pas sa présence au monde et qui est limitée dans le court terme. Tout pour elle se résume au « ventre et au bas ventre ». Dès qu’on leur procure ces deux éléments, ils perdent la raison et font de la louange du pouvoir leur distraction favorite. Est-ce dans ce contexte que nous serons émergents ? Je ne crois pas ! Il faut une jeunesse plus que jamais consciente de sa place dans ce monde, de son apport dans l’avancement de notre pays et qui, de commun accord avec les pouvoirs publics, va à la recherche de tous les savoirs théoriques et pratiques qui lui permettront de prendre en main son destin. Si tel n’est pas le cas, désespérés, sidérés, les jeunes seront contraints de fuir dès que l’occasion se prêtera.  Pendant des compétitions sportives, pendant des rencontres religieuses, de leur propre initiative, les jeunes Camerounais partent chaque jour. Ils partent trouver un avenir meilleur étant donné que leur avenir est incertain au pays. Ils partent parce qu’ils veulent aussi vivre dans des conditions de vie meilleure ! Ils partent parce que les gérontocrates en place au pays ne les prennent pas en compte ! Ils partent pour ne plus revenir. On est tenté de se demander : qui construira le Cameroun si ces jeunes ne reviennent pas ? La situation des jeunes est critique et inquiétante dans la mesure où plus de la majorité de la population Camerounaise est jeune. 

 

Le « Grand corps malade » diplomatique


Ces problèmes internes du « renouveau » produisent une nonchalance sur la scène internationale, une absence totale de la gestion des grandes problématiques internationales. Malgré une certaine présence (Sommet de l’ONU, Francophonie…), le Cameroun brille par son absence (son chef) aux sommets tels que l’UA, la CEMAC… Bref, les sommets de « moindre importance » alors que c’est de la base que le Cameroun pourra se bâtir une aura internationale. L’exemple de la CEMAC est illustratif. Le Cameroun serait, selon certains, la puissance et le leader de la sous-région. C’est officiel mais l’absence remarquée du chef de l’Etat à certains sommets importants, le silence du Cameroun et l’absence de son chef au dernier sommet de l’UA qui a permis l’éviction de Jean Ping montrent que notre pays brille par son absence sur la scène internationale dès la base malgré une certaine aura naturelle qu’on lui prête.  Le Cameroun est un « grand corps malade » à ce sujet.

 

Un Renouveau transitoire pour une alternance pacifique


« 30 ans de Renouveau : ça se fête » prétendent certains apparatchiks du parti au pouvoir. Notre objectif a été de montrer que le régime Biya est aussi vieux qu’archaïque de part sa gestion hypocrite du pouvoir. Il a, certes, connu des avancées mais a eu de la peine à s’adapter au contexte international qui s’y prêtait. C’est autant souillant de fêter 30 années de pouvoir alors que la démocratie voudrait que l’alternance soit de mise et que les chefs de l’Etat durent le moins au pouvoir. Le régime Biya tout comme le régime colonial est un régime basé sur le double langage qui a produit au cours de 30 années des créatures (intellectuels, jeunes…) nocives pour le Cameroun. Les répercussions se sont ressenties chaque fois avec des évènements aussi expressifs. Le « Renouveau » est devenu ce qu’il est devenu. Nous proposons un autre « Renouveau » au chef de l’Etat.

 

Nous proposons au chef de l’Etat, en cet anniversaire, de ne pas le célébrer. Nous l’invitons à prendre quelques années pour mettre sur pieds une véritable société de consensus où règnent la confiance et la tolérance. Ceci en créant un panthéon à la mémoire des héros nationaux. Ensuite, il assainit vraiment les mœurs et le champ politique à travers la transparence pour créer aussi un climat de confiance entre les différents entrepreneurs politiques. Tout ceci en accordant une place prépondérante à la jeunesse, aux Technologies de l’information et de la communication. Voila les préliminaires que notre chef doit faire au lieu de démissionner comme le prétend une certaine presse. Ainsi, à mon avis, on pourra parler de « Renouveau », non pas par rapport au régime Ahidjo, mais par rapport à la première phase du régime Biya qui a été tout, je dis bien tout, sauf le « Renouveau ». Soucieux de l’image qu’il aimerait laisser en quittant le pouvoir, le chef de l’Etat pourra ainsi être fier de cette image.

 

De l’hypocrisie de la phase 1 du Renouveau, on pourra passer à la confiance et la tolérance de la phase 2 du Renouveau, le vrai « Renouveau ». C’est ce à quoi nous invitons le chef de l’Etat, un nouveau pacte social pour conduire les affaires jusqu’en 2018 et laisser ces affaires à son successeur électoral.

 

 

 

 

 

Quelques références qui nous ont aidés à construire notre argumentaire.

 

Journaux et Rapports


International Crisis Group, « Cameroun : un Etat Fragile ? », rapport Afrique, N° 160, 25 mai 2010.

International Crisis Group, « Cameroun : les dangers d’un Régime en pleine Fracture. », Rapport Afrique, N°161, 24 juin 2010

Jeune Afrique, n° 2614, du 13 au 19 février  2011: une « Comment va le Cameroun ? »

Jeune Afrique, N°2647 du 2 au 8 octobre 2011 avec en une : « Cameroun. Biya jusqu’à quand ? »

Les dossiers et documents de Germinal, N°8, jan-Fev 2011

 

Ouvrages


Gaillard.PH., le  Cameroun. T2, paris, l’harmattan, 1989.

Mbarga.V.N., Ruptures  et  continuité  au  Cameroun, paris, l’harmattan, 1993.

Mbembe. A., Sortir de la Grande nuit. Essai sur l’Afrique décolonisée, Paris, la Découverte, 2010.

Pigeaud.F., Au Cameroun  de  Paul  Biya, paris, Karthala, 2011.

 

 

Ulrich K. Tadajeu

Etudiant en Master I, Histoire Politique à l’Université de Dschang




06/11/2012
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