L\'Afrique peut!

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Je m’inscrirai sur les listes électorales après 2035

Voici pourquoi les inscriptions sur les listes électorales trainent le pas.

Dans ce billet, je donne les deux raisons qui m’amènent à ne pas m’inscrire sur les listes électorales malgré les opérations commandos qui en sont faites. Je donne rendez-vous en période post-émergence.

 

 les camerounais en attente des inscriptions. Crédit: africatime.com

Depuis quelques semaines, les « amazones » et « lieutenants » d’ELECAM (Elections Cameroon, organe qui est chargé de l’organisation des élections au pays de Ruben Um Nyobe) ont pris d’assaut tous les espaces publics au Cameroun pour inscrire le maximum d’électeurs sur les listes. Campus, établissements universitaires, places des fêtes, quartiers, lieux de cultes… sont bondés de ces hommes et femmes qui disposent des matériels portatifs et d’un groupe électrogène pour enregistrer les potentiels électeurs à la suite de quoi sont remis à ces derniers des récépissés qui leurs permettront de récupérer  leurs cartes d’électeur en temps opportun.

 

A la suite de la mesure (re)-prise par le chef de l’Etat, le 31 décembre dernier, l’organe en charge de l’organisation des élections dans notre pays a opté pour ce que j’appellerai un « marketing de proximité » c’est-à-dire venir près des camerounais pour les sensibiliser et les faire inscrire où ils se trouvent. Parfois, ils descendent même dans les domiciles. Les partis politiques s’en mêlent eux aussi : du SDF (Social Democratic Front) au RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais) en passant par les autres partis. Ils se mobilisent, à travers des meetings, des banderoles, des appels quotidiens pour inciter le maximum de personnes à s’inscrire sur les listes électorales.  Car les objectifs d’ELECAM sont d’atteindre 7 millions d’électeurs et, à un peu plus d’une semaine de la date butoir, ils ne sont qu’à 4 millions d’électeurs inscrits. Vont-ils atteindre leurs objectifs ? Je n’en sais rien. En guise de rappel, le président de République, Sa Majesté Paul Biya a décidé, une fois de plus, le 31 Décembre dernier que les cartes nationales d’identité allaient être gratuites pour permettre aux Camerounais de s’inscrire massivement. Mais s’était-il posé la question suivante : ceux qui ne s’inscrivent pas ont-ils une carte d’identité ou ils n’en-ont pas ?  Voila quelques solutions qu’ELECAM et sa majesté ont proposées pour amener les Camerounais à s’inscrire massivement sur les listes électorales. Mais est-ce que cela suffit jusqu’à m’amener à m’y inscrire? 

 

Premièrement, la dépolitisation ou la désocialisation politique en postcolonie Camerounaise est à voir ailleurs. Résoudre une maladie commence par questionner ses  origines et ses causes. Il me semble que ce travail n’a pas été fait. Pourquoi la masse Camerounaise, pourquoi le bas-peuple ne croit plus en la politique au point de boycotter ces inscriptions ? Quand ils le font, ils mettent sur pieds des mesures palliatives qui ne peuvent pas résoudre le problème en amont c’est-à-dire qui ne s’attaquent pas au problème depuis sa source. C’est un peu la situation qui se vit au Cameroun actuellement. Au point où désormais ce sont des campagnes d’inscription commando qui sont faites. Parfois même ceux qui font ces campagnes sont confondus à des malades mentaux qui parlent seuls dans la rue, à des vendeurs de médicaments qui font des campagnes de santé ou à des illuminés qui auraient vu Dieu en rêve ou en songe. Pourquoi faire souffrir autant quelques Camerounais alors que la solution au problème des inscriptions sur les listes électorales est à chercher dans les raisons de la dépolitisation en terre Camerounaise. Pourquoi les Camerounais ne s’intéressent plus à la politique ? Il faut rappeler que pendant la période des luttes indépendantistes, le Cameroun était l’un des pays les plus politisés d’Afrique avec des leaders tels que Ruben Um Nyobe, Félix Roland Moumié, Ernest Ouandié, Ossende Afana…les différents organes ou lieux de socialisation politique ont-ils échoué dans leurs missions ? Ou alors, les différents acteurs politiques n’inspirent plus confiance et, puisqu’ils représentent la politique, empêchent au peuple de voir le coté positif de la politique ? Quelle est la proximité entre les dirigeants politiques, les élus et ceux qu’ils représentent c’est-à-dire les populations ? Comment représentent et gèrent ils les problèmes de ces derniers ? Représentent-ils ces derniers ou alors leurs familles ? Bref, quelle est la perception de la politique au sein des populations à travers les différents moments de socialisation politique ? Ont-ils l’impression qu’à travers le comportement des acteurs qui les représentent, la politique pourrait avoir un changement dans leurs vies ? Ce sont des questions qu’il faille se poser pour résoudre ce problème criard. Un problème qui va grandissant dans notre société où la politique est désormais considéré comme la chose des autres. Ce d’autant plus que chaque individu n’a pas conscience du fait que l’Etat ce n’est pas « sa majesté le propriétaire d’étoudi » (pour désigner le président de la République) encore moins un de ses lieutenants comme veulent le faire croire certains thuriféraires du régime. Mais l’Etat c’est tout le monde et à travers la politique, nous choisissons les Hommes qui gèreront notre Etat non pas pour lui mais pour nous. A travers la politique, ces Hommes nous disent la manière par laquelle ils gèreront notre Etat en toute traçabilité et sincérité. Si ce travail n’est pas fait, c’est clair qu’il faudra attendre la post-émergence (après 2035) pour s’inscrire sur les listes électorales.

 

Deuxièmement, on dit souvent : « à quoi ça sert de jouer un match dont les règles ont été truquées ? » En plus, des cartes papiers aux carte biométriques, il n’ya pas une grande différence dans la mesure où toutes ces cartes sont pilotées et manipulées par l’Homme. Si l’Homme veut que les cartes soient fiables, peu importe Biométriques ou pas, elles seront fiables ; si l’Homme veut que le jeu politique soit fiable, il sera fiable. Les évènements qui se sont déroulés dans un bureau de vote de la région de l’ouest illustrent à merveille ce propos. En effet, dans ce bureau de vote, des box d’inscriptions auraient disparu. Selon certains, il s’agissait d’une fraude dans la mesure où ces box devaient être acheminés vers d’autres villes pour inscrire des personnes afin de retourner et de remplir le quota. Une raison de plus qui me pousse à penser que les doublons pourraient être également retrouvés dans ces listes biométriques. Car s’il n’ya pas une réelle volonté politique de parvenir à une véritable démocratie au moins sur le plan électoral, toutes les tentatives de solutions qui n’ont de « solutions » que les mots sont vouées à l’échec. Si les dirigeants Camerounais veulent aller à la Démocratie, qu’ils aillent et le peuple les accompagnera mais s’ils veulent aller au mensonge politique, à l’hypocrisie politique parce que le jour, ils parlent de Biométrie et la nuit, ils font des doublons, qu’ils aillent mais là, le peuple ne pourra pas les soutenir et on observera des scènes d’inscriptions sur les listes électorales au bazooka comme c’est le cas actuellement. Ce sont des questions qu’il faut se poser pour assainir le climat politique. Il faut une réelle volonté politique de changement et de démocratisation. Laquelle volonté politique impliquera un questionnement cathartique par rapport à la dépolitisation des Camerounais.

 

Si on émerge en 2035, tous les dirigeants actuels seront hors de la scène politique. Car, ceux qui n’auront pas rejoint l’au-delà (naturellement) seront dans leurs villas de retraite en campagne. Le champ politique sera ouvert pour un réel questionnement. Je l’appelle un « questionnement Cathartique » c’est-à-dire un questionnement qui libère complètement et véritablement de ce qui oppresse. Un questionnement qui permettra de résoudre les problèmes en amont et non pas en aval comme c’est le cas actuellement. Un questionnement qui ouvrira les possibilités futures. C’est parce que j’ai foi en ce questionnement qui libèrera le Cameroun de la désocialisation politique et du manque de volonté politique que je m’inscrirai sur les listes électorales après 2035. Avant cette date, allez voter sans moi !



19/02/2013
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