L\'Afrique peut!

L\'Afrique peut!

« Monarques » africains, ailleurs les rois abdiquent, pourquoi pas vous ?

Dans ce billet, je remarque une attitude de plus en plus récurrente : la renonciation du pape et l’abdication des rois de leur vivant. J’invite les dirigeants Africains à s’inspirer de cette « éthique du détachement » comme le fît Mandela pour ouvrir les « possibles » à tous.

 

Un monde en mouvement

 

J’observe la scène internationale et nationale depuis un bon bout. Je dois dire que le monde est riche en mouvements. De la place thacsin en Turquie à Rio de Janeiro au Brésil en passant par la partie 2 du feuilleton « place Tahrir » en Egypte, que de luttes sociales animent le monde ces jours-ci. En plus des luttes sociales, il y’a des luttes diplomatiques que se donnent les puissances de ce monde. Entre la Chine et les Etats-unis en Afrique avec le voyage d’Obama mais surtout entre les Etats-Unis, l’Amérique Latine et l’Europe au sujet de l’affaire Snowden du nom du jeune agent de la NSA qui a révélé des pratiques d’espionnage de l’agence de sécurité américaine à l’endroit des habitants du web via les réseaux sociaux mais surtout à l’endroit des parlementaires européens. Comme dirait quelqu’un, le monde est en mouvement. Mais ce mouvement du monde se fait aussi dans un registre moins médiatisé : les monarques ou ceux qu’on considère comme devant quitter du pouvoir après le mort. Il s’agit principalement des rois et du pape.

 

4 abdications en 5 mois

 

de gauche à droite le nouveau pape François, la reine Béatrix, l'émir du Qatar.

Depuis quelques semaines, ces rois ou souverains ont pris l’habitude d’abdiquer et de laisser la place soit à leurs fils, soit à un successeur pour ce qui est du pape. Ce dernier a d’ailleurs donné le coup d’envoi en renonçant de ses fonctions au mois de février dernier alors qu’il avait 86 ans. Dans l’annonce de sa renonciation, il estimait ne plus avoir la vigueur pour « gouverner la barque de Saint Pierre et annoncer l’évangile dans un monde en pleine mutations ». Pour certains, Benoit XVI était devenu impuissant face aux lobbyings homosexuels et autres crises de corruption qui frappaient le Vatican. Pour d’autres, très fatigué par le poids de l’âge, la maladie, le souverain pontife devait renoncer pour aller se reposer. Il est cependant évident que même si des réseaux ou des lobbyings auraient influencé les décisions du pape, le poids de son âge et sa volonté de passer la main était pour beaucoup. Il a définitivement quitté le Vatican le 28 février 2013 comme il l’avait annoncé. A la suite du traditionnel conclave, le jésuite argentin devenu François a été élu.

Deux mois après benoit XVI, la reine Beatrix ouvre le bal des abdications des rois. Le 30 avril 2013, la reine des pays bas âgée de 75 ans abdique, comme sa mère Juliana le fit à son profit en 1980, au profit de son fils Willem-Alexander. Même si dans ce royaume, l’abdication c’est une tradition, l’attitude de la reine peut être comprise en prenant en considération le poids de l’âge.

Deux mois plus tard, l’émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, abdique au profit de son fils, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani âgé de 33 ans. A 61 ans, Cheikh Hamad Ben Khalifa, arrivé au pouvoir en 1995 à la suite d’une révolution de palais, affirme vouloir en ce 25 juin 2013 passer le flambeau à la nouvelle génération. Plusieurs spécialistes ont évoqué des raisons stratégiques et diplomatiques pour justifier une telle démarche rare dans l’histoire du monde arabe mais on peut aussi y voir un désir de régénération si on s’en tient aux propos du Cheikh. 

Le dernier roi sur cette liste des « abdicateurs » de 2013 avant que d’autres ne s’ajoutent est le roi belge Albert 2. Ce dernier, âgé de 79 ans, a annoncé mercredi dernier 03 juillet son abdication. Celle-ci prendra effet le 21 juillet prochain. Albert 2 qui avait, en 1993, remplacé le célèbre roi Baudoin à sa mort sera remplacé par son fils Philippe âgé de 53 ans. Ce dernier sera intronisé ce 21 juillet. Evoquant les raisons de son départ, le monarque belge a déclaré : « Mon âge et ma santé ne me permettent plus d'exercer ma fonction ». Il serait donc trop vieux pour continuer sa tâche.

 

C’est à vous, « monarques » africains qu’ils s’adressent.

 

De gauche à droite Paul Biya, président du Cameroun au pouvoir depuis 30 ans, Obiang Nguema de la Guinée équatoriale au pouvoir depuis 1979 et Robert Mugabe au pouvoir depuis 1981.

 

Tous ces rois évoquent pas mal de raisons au sujet de leur départ. Mais nous pensons que, croupissant sous le poids de l’âge, la santé s’y mêlant, ils ne sont plus capables d’exercer leurs fonctions dans un monde aussi rapide que le nôtre. Ils choisissent la voie noble, celle de l’alternance rompant avec certaines certitudes qui étaient jusque-là établies. Par ailleurs, ils sont conscients du fait qu’ils ont posé leurs actions et qu’il faille régénérer les ressources humaines afin d’être plus compétitives. Ces ressources humaines, jeunes, dynamiques, agiles et aptes à conduire les mutations en cours sont mieux indiquées pour prendre le relai. C’est la raison pour laquelle j’estime qu’au-delà de ce dialogue avec leurs peuples respectifs, ces rois parlent à certains dirigeants africains qui se sont considérés jusqu’ici comme des « monarques ». Eh ! Bien même les monarques abandonnent le pouvoir de leur vivant. Parce qu’ils sont humbles, reconnaissent leur faiblesse et leur incapacité en fonction de leur âge. Pourquoi pas vous « président-fondateur » africains ? Quand allez-vous reconnaître que vous seuls ne pouvez pas construire un pays ? Quand allez-vous reconnaître votre incapacité naturelle du fait de la vieillesse à gérer en toute facilité et avec dynamisme ? Quand serez-vous humbles et généreux comme Mandela pour ouvrir les possibilités, les chemins de l’avenir et laisser la place à ceux qui viennent après vous ?

 

Chers « monarques » africains, les monarques abdiquent ailleurs pour rendre les choses meilleures. Pourquoi pas vous ?

 

Puisse cette phrase d’Achille Mbembe au sujet de Mandela ainsi que l’attitude de ce dernier vous inspirer : « Pour Mandela, présider à la destinée de son pays n’était pas une fin en soi, mais un moyen d’ouvrir la porte des possibilités à tous. Il s’imaginait comme une clef qui ouvre la porte permettant d’accéder aux ressources de l’avenir. Il a développé, par rapport au pouvoir, une éthique du détachement… »

 



05/07/2013
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