QUEL SENS DONNER A L’EDUCATION QUE NOUS RECEVONS EN TANT QUE JEUNE…
Pourquoi revenir sur l’école ou sur l’éducation ? Certains pourraient se poser la question. Il revient sur l’école alors que le chef de l’état dans son dernier discours a noté des avancées dans ce sens et surtout, on le voit des jeunes camerounais sont de plus en plus admis aux examens et autres.
Mais c’est l’arbre qui cache la réelle foret qu’est notre école. Il s’agit bien sûr de l’école en terre camerounaise. Cette fois, pour ma part, il n’y a qu’un responsable du moins avant que ma position n’évolue. Ce sont les écoliers eux mêmes. Quand je parle d’écoliers, il s’agit de ceux qui reçoivent une formation. C’est vrai on a eu coutume de dire et de redire au sujet des infrastructures, des enseignants de la qualité de la formation mais il se peut que ce ne soit pas le problème de fond. Le problème de fond c’est quel est le rôle de l’éducation dans une société donnée ? Doit-on, dans une société donnée, privilégier l’instruction c’est-à dire la diffusion des connaissances à l’éducation qui est la formation de l’homme dans son intégralité ? Dans les lycées, les amphis des campus, les jeunes camerounais doivent-ils se contenter de valider sans rien comprendre ou doivent-ils chercher à comprendre, intégrer ce qui est compris dans leur quotidien avant de valider ? Du moins, qu’est ce que nous voulons faire pour la société aux sortir de notre école ou de notre formation ?
Avant d’arriver à ces questions, j’aimerais préciser ce que j’entends par tous ces termes, inspiré par mes dictionnaires qui m’accompagnent très régulièrement. C’est quoi l’éducation ? C’est quoi l’instruction ? C’est quoi l’école ? C’est quoi la Classe ? C’est quoi la Formation ? Quel est le lien entre tous ces concepts ?
Selon mon entendement inspiré du dictionnaire Encarta 2009, c’est un enseignement des règles de conduite morales physiques et sociales qui précisent la formation de la personnalité. C’est dire que l’éducation c’est l’acquisition des savoirs académiques et des connaissances dans l’optique de les adapter à la vie, affronter la vie et acquérir un savoir vivre. C’est ainsi qu’une éducation véritablement faite est un gage de succès d’abord intellectuel et par la suite matériel. Tandis que l’instruction est l’acquisition et la transmission des connaissances et des savoirs. Elle peut se faire dans le cadre des enseignements académiques comme c’est le cas à l’université ou au secondaire et même au primaire. Bref un monsieur instruit valide tous ces cours, réussit ses années avec de très bonnes moyennes parce qu’il a acquis des notions et des rudiments du moins même s’il a faxé, il a validé donc il est instruit. Pour ce qui est de l’école et la classe, il faut dire que l’un est plus abstrait et traduit plus le sens de la formation et de l’éducation. Il s’agit de l’instruction alors que l’autre est plus concret et donc plus matériel et ne traduit pas tout a fait cette réalité. L’école par exemple renvoie ici à l’école primaire, secondaire et l’université. Cela dit l’école renvoie plus à la formation de l’homme pour un devenir meilleur. D’ailleurs université est une école dans le terme « université » on a « univers » qui signifie « l’élite », la « crème » de la société. Souvent nous disons que « nous partons en classe, nous allons au campus ». Ce sont des lieux où tout le monde peut se rendre y compris les chevaux, les bœufs comme on en trouve souvent sur notre campus. Or ces animaux ne peuvent pas aller à l’école. C’est pour dire que ceux qui jusqu’aujourd’hui partaient en classe ou au campus doivent désormais aller à l’école et à l’université pour se former. Formation, voila un autre terme. Le dictionnaire Larousse 2009 me fait comprendre que c’est l’action de donner forme à quelque chose. Former lui même revient à créer, constituer, donner forme à ce qui n’existait pas. C’est donc éduquer, façonner à travers l’instruction. C’est cela la formation. Ainsi conceptualisés, on verra que ces termes sont proches mais revenons plus bas sur le fond du problème. Autrement dit doit-on, dans une société donnée, privilégier l’instruction c’est-à dire la diffusion des connaissances à l’éducation qui est la formation de l’homme dans son intégralité ?
Je m’en voudrais de ne pas commencer par un témoignage qui me marque depuis que je suis tout jeune et malheureusement, tous ceux avec qui je fréquente, jusqu’aujourd’hui, s’obstinent à penser ainsi. Voyez-vous, on fait un cours et puis pif sur le champ, l’enseignant nous demande de mettre nos sacs devant, c’est la composition. Tous mes camardes s’obstinent, s’inquiètent et ont peur. Chacun dit « je vais faire comment, moi qui voulait valider le cours si à la normale, que ferai-je ? » Alors je me tourne et je lui dis « tu vois où se trouve ton problème, c’est que tu veux seulement valider, c’est pourquoi tu as si peur et tu es inquiet . Tu ne t’es pas soucié de comprendre le cours, tu ne t’es pas soucié de prendre le cours comme un élément mis a ta disposition pour répondre à des problèmes que la société se pose ». Voila donc ou se situe le problème. Quelle école ? Une école pour acquérir le savoir même étant nul dans la société ? Une école pour s’instruire, se bomber de connaissance et être le premier à remettre en cause les préceptes appris sur la pratique ? Une école où on apprend qu’il faut laver les mains avant de manger et dès qu’on rentre, on n’a même pas encore retiré le sac du dos qu’on mange déjà ? Une école où chaque jeune se soucie uniquement de valider sans avoir rien compris ou rien intégré ? Une école qui fait des têtes pleines et non des têtes bien faites ? L‘école a perdu de son sens et de sa valeur. Parce que, non seulement tout le monde s’y est invité mais les conditions matérielles de l’humanité obligent, c’est désormais une école alimentaire que les jeunes font. C’est d’ailleurs pourquoi cette école leur permet de subvenir à leur besoin quotidien sans pour autant leur inculquer un véritable savoir vivre et un véritable sens de l’intérêt général. Ce problème est d’autant plus important que ce camarade, qui se battait et débattait pour valider me dit par la suite : « je suis venu ici pour valider et partir. » Ce qui est évidement grave puisque c’est une tête pleine de plus qui sera mis sur le marché pour ne pas servir a société mais se servir de celle-ci.
C’est vrai que la qualité de la formation pose problème mais c’est un problème d’en haut qui se resoud très lentement . Mais les acteurs « d’en bas » que sont les écoliers ont leur part de responsabilité et doivent à leur niveau transformer cette école en privilégiant davantage son aspect éducation et formation pour être de véritables « artisans de la République Exemplaire » gage d’un Cameroun Emergent avant 2035. Encore que la compréhension et l’adaptation de ce qu’on comprend à notre quotidien nous permet non seulement de valider et de réussir mais aussi et surtout de réussir véritablement et joyeusement et de pouvoir servir valablement la société. C’est d’ailleurs la différence entre celui qui valide sans comprendre et celui qui comprend, intériorise avant de valider. Parce que le premier n’a voulu que valider et rien d’autre alors que le second s’est soucié du devenir de la société et a donné une portée générale à son action. Conclusion, il valide et le fait très bien. L’autre question qui mérite d’être posée est qu’est ce que nous voulons faire de ce que la société ou l’état fait à travers la formation ?
Une jeune camerounaise assez écoutée du moment à savoir Stéphanie Mbida l’a, en quelque sorte, répondu en disant que l’éducation ou l’école doit pouvoir résoudre des problèmes. Cela veut dire que l’état, à travers l’éducation et la formation, nous fait participer à l’élaboration de notre futur et du futur de la nation. Mais maintenant, c’est nous qui devons donner une orientation à cela pour qu’elle permette notre formation intégrale en tant qu’homme et donc le developpement de notre société puisque nous sommes ces hommes qui la peuplent. Cela signifie, en d’autres termes, que la balle est dans notre camp par l’éducation et à nous de transformer cela par notre volonté de laisser un héritage aux enfants de nos enfants et de nous intégrer dans la société véritablement. Ceux qui l’ont compris ont fait avancer l’espace dans lequel ils vivaient alors pourquoi pas la jeunesse africaine.
En dernière analyse, j’aimerais que nous, jeunes africains, comprenions que nous qui sommes dans les universités, dans les lycée pour donner un sens au devenir de l’Afrique, pour répondre aux questions que se pose notre continent, berceau de l’humanité. Nous ne pourrons répondre à ces questions que si nous parvenons à une auto-formation véritable et intégrale qui implique instruction et plus encore éducation. Ne cherchons plus à valider les cours mais à les comprendre, ne partons plus dans les amphis mais à l’université parce que même le bœuf peut se retrouver dans un amphi, ne disons plus l’Afrique ce sont les autres car c’est nous qui allons la bâtir. Bref disons-nous que notre présence à la quête des savoirs aujourd’hui c’est pour un but précis, répondre positivement aux questions que se pose notre continent et lui permettre d’être un acteur influent du grand « rendez-vous du donner et du recevoir avec les autres civilisation ». Si nous ne le faisons pas, même si nous avons les plus grandes notes, nous aurons failli à notre grande mission : décoloniser véritablement l’Afrique d’abord d’elle-même ensuite des autres.
TADAJEU KENFACK ULRICH
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