L\'Afrique peut!

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« Les alcools dans la littérature et la culture Camerounaise »

La présentation du numéro 11 de la revue Intel’Actuel, Revue de Lettres et Sciences Humaines a bel et bien eu lieu vendredi 16 Novembre 2012 dans la salle Manu Dibango de l’Alliance Franco-Camerounaise de Dschang malgré le retard de 45 minutes. Il était donc 16h45 lorsque le professeur Robert Fotsing Mangoua, Maitre de conférence au département de Lettres Etrangères Appliquées (LEA) par ailleurs directeur de ladite revue, a introduit les échanges en présentant la revue et le contexte de sa sortie des fonds baptismaux ainsi que l’objectif dudit numéro. Dans un propos assez court, il a présenté la revue comme étant le rêve devenu réalité d’un groupe de chercheurs de la Faculté des Lettres de l’Université de Dschang. Un rêve matérialisé depuis maintenant onze années avec chaque année un numéro sur un thème toujours aussi alléchant. Parmi les membres de ce groupe de chercheurs, nous pouvons citer le Professeur Tandia Mouafou, Dr Lem Lilian, Pr Fotsing Mangoua Robert, Dr Fouellefack, Dr Ladislas Nzesse comme vous pouvez observer sur la photo ci contre. Le contexte du présent numéro comme l’a poursuivi le Pr Fotsing est du au fait que de plus en plus, les alcools occupent l’espace public et qu’il s’est tissé toute une image autour de cette société alcoolique. Ainsi, il a semblé nécessaire pour ces chercheurs associés à d’autres d’agir et de produire le fruit de leurs recherches afin de susciter le questionnement autour de cette problématique un peu « banale » et marginalisée non moins importante. D’ailleurs le slogan des chercheurs de la revue Intel’Actuel est justement d’agir après avoir pensé : « Cogito ergo prosum » (cf. la première de couverture).

 De G à Dr: Pr Tandia, Dr Lem Lilian, Pr Fotsing, Dr Fouelefack, Dr Nzesse Ladislas

 

Il s’agit donc de sept contributions de linguistes, de spécialistes de littérature, d’historiens et de psychologues qui, du contexte de l’émergence des débits de boisson dans la société camerounaise aux impacts psychologiques sur l’Homme, veulent rompre avec les analyses fermées autour du « pour » ou « contre », « bien » ou « mauvais ».

 

« Alcools, Fiction et Langue »


Le dossier est organisé en deux parties : la première partie intitulée : « Alcools, Fiction et Langue » va de la page 15 à la page 81. Cette partie comprend les contributions de linguiste et de littéraires qui analysent entre autres les alcools dans la littérature, dans le théâtre et la construction discursive autour des alcools.  Au sujet de ce dernier aspect, l’auteur de la contribution intitulée : « Viens prendre une ! » : à propos du rituel discursif autour de la consommation de l’alcool au Cameroun » PP 71-81» montre que boire c’est discourir. A travers une écoute participative dans les débits de boisson, il a pu constater que « la consommation de l’alcool met généralement en relief un discours spécifique qu’il semble produire et qui, en retour, l’entretient.» Dans un triple scénario (l’invite à la consommation, la consommation et la séparation), le linguiste montre que la consommation de l’alcool s’inscrit dans un cycle sans fin. Mais cette emprise du contour discursif est à craindre car la transmission générationnelle peut s’opérer. Aussi, cette consommation en groupe n’est pas toujours mauvaise car elle est la preuve de ce que la société postcoloniale africaine privilégie la construction d’un paysage-relation qui favorise le « rhizome ».

 

 

Florentine Chancel, ancienne étudiante à la FLSH, contributrice à ce numéro

 

Avant de passer la parole à l’Historienne du panel, le Pr Fotsing s’est permis, en l’absence de certains contributeurs (Dr Amougou Louis Bertin, Dr Pangop Alain Cyr)  du numéro, de présenter leurs articles. Celui du Dr Amougou Louis Bertin explore à la lumière de deux romans d’intellectuels Camerounais (Trop de soleil tue l’amour de Mongo Beti et Temps de Chien de Patrice Nganang), le contexte de la croissance des débits de boisson. Pour le vice doyen chargé de la coopération et de la recherche de FLSH, la boisson est apparue dans la décennie 1990 comme un exutoire, une échappatoire suite aux nombreux problèmes que la crise économique de 1986 avait produits. Dr Pangop Alain Cyr (auteur de Rires des Crises Postcoloniales, …) signe un article sur la place de l’alcool dans la construction théâtrale en prenant appui sur trois dramaturges du Cameroun : Daniel Ndo, Dieudonné Afana, David Kemzeu : « Alcool et Ressorts Dramatiques dans le théâtre Comique Populaire au Cameroun » PP 31-50.  Pour l’auteur, les actions et autres histoires annexes de ces dramaturges accorde une « place nodale » à l’alcool.  La dernière contribution de cette première partie est la signature de Bana Barka, universitaire Camerounais. Elle porte le titre de « L’Alcool et les Nordistes dans la Littérature Camerounaise : éthique de l’éthylisme» PP 51-70. L’objectif est de montrer la place de l’alcool dans l’identité de certains peuples du nord Cameroun. Ceci à la lumière du roman.

 

« Alcools, Histoire et traditions »


Cette seconde partie intitulée : « Alcools, Histoire et traditions » comprend trois contributions d’Historiens et psychologues organisées de la page 85 à la page 149. Dr Fouellefack, Historienne à la FLSH, signe le premier article de cette partie : « Vin de Palme et pratiques rituelles chez les Bamiléké : Cas des Yemba et Ngyembong » PP 85-102. Pour l’Historienne, le vin de raphia est le fruit du génie de l’homme bamiléké parce qu’il résulte du contact de ces peuples avec la nature et des techniques qui s’en sont suivies. Son article a consisté à présenter les techniques de production de ce vin de raphia, ensuite l’importance rituelle de ce vin de raphia dans les rites comme la naissance, le mariage, les funérailles. Mais, selon Dr Fouellefack spécialiste de l’Histoire des Civilisations et Religions, le contact avec l’occident a introduit une autre boisson (industrielle constituée de la bière et des jus) en pays Bamiléké. Ajoutés à cela, la disparition des ainés qui ont le secret des techniques d’extraction du vin de raphia et l’exode rural des jeunes empêchent la production de ce vin. Il  est progressivement remplacé par les boissons industrielles dans certains rites ce qui représente un danger pour la sacralité des rites en pays Bamiléké.  Le directeur de ladite revue a repris la parole pour présenter la seconde contribution de cette seconde Partie : «Le Bili-Bili : de la bière locale Tchadienne à la bière Régionale du Nord Cameroun » PP 103-123. Une contribution qui porte l’estampille de David Mokam, enseignant à l’Université de Ngaoundéré. Ce dernier analyse historiquement le processus d’implantation de la bière traditionnelle « Bili-Bili » dans la région du nord partant du Tchad à travers l’esclavage pratiqué par les peuls pour devenir une bière régionale au Nord Cameroun  qui constitue un pan important de l’économie ainsi que l’élément constitutif d’une identité transfrontalière et commune à certains peuples du Cameroun et du Tchad.  

 

Pour mettre un terme à cette première partie, parole a été donnée à une jeune étudiante en la personne de Florentine Chancel Lili Nguth co-contributrice au dernier article de cette seconde partie «Cultural correlates of occupational alcoholism and psychological dependence among formal sectors » PP 125-149. Ceci en collaboration avec Emmanuel Fomba et Moses Chung. Ce dernier article montre l’influence psychologique de l’alcool sur les performances en milieu professionnel. Ayant mené des enquêtes sur plus de 300 enseignants du primaire, ils ont pu conclure que, même si l’homme et la femme boivent de la même manière, le travail professionnel de l’homme est plus influencé par l’alcool que celui de la femme.

 

 

les étudiants très attentifs aux exposés des enseignants


Parole aux étudiants


Après cette présentation, les étudiants ont eu le droit de poser des questions et de faire des remarques au sujet du présent numéro. Le constat général de ces échanges est que le présent numéro n’est qu’une brèche qui a été ouverte car beaucoup reste à faire au sujet des « alcools » dans la société Camerounaise. Notamment au sujet des « alcools et de l’identité ». Etant donné que c’était une présentation, certains étudiants et  enseignants présents dans l’assistance ont souhaité se procurer un numéro. La dédicace s’en est suivie. Une dédicace signée par les membres fondateurs de la revue présents sur le panel.

 

A 19 heures, les uns et les autres se sont séparés dans une atmosphère d’ivresse pour avoir bu, non pas les alcools, mais le savoir.

 

 

 

 

*Le titre de ce billet est le titre du dossier de ce numéro 11 de Intel ’Actuel ainsi que les deux premiers intertitres.

* FLSH : Faculté des Lettres et Sciences Humaines.

* Yemba et Ngyembong constituent deux grandes aires linguistiques du Bamiléké Central (département de la Menoua et département des Bamboutos.) Cf. Note de bas de page 85.

*Bili-Bili : bière de mil populaire dans le grand Nord Cameroun qui envahit petit à petit certaines artères de la Capitale et d’autres villes.

 



19/11/2012
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