Le rite de la chaise à trois pieds
Chaise à trois pieds. Photo prise au musée communautaire de Bamendjinda
En pays Bamiléké, il existe des coutumes et faits culturels spécifiques qui font la spécificité de ces peuples et les différencie des autres. Parmi ces faits culturels, nous avons découvert un, assez important pour l’Homme et dont ce dernier ne saurait se passer : il s’agit du rite de la chaise à trois pieds.
Comme son nom l’indique et comme le montre cette photo, le rite de la chaise à trois pieds se fait sur une chaise qui a trois pieds. Elle se fait dans plusieurs villages des pays Bamiléké et surtout à Bamendjinda. Encore appelé Nan Ko, cette cérémonie est e lieu du passage du stade de jeune à celui d’adulte. L’acteur est bien évidement l’Homme. Dans les sociétés Bamiléké, être adulte ne signifie pas avoir des enfants ou avoir son domicile mais cela signifie avoir fait le rite de la chaise à trois pieds. Cette cérémonie débute chez sa famille maternelle. Le postulant achète deux chèvres, un sac traditionnel en fibres végétales contenant des pièces de monnaies, une couverture de laine, deux chapeaux traditionnels, deux costumes d’apparats, deux cornes à boire, deux tabourets à trois pieds, un sac de sel, des poissons, pour les sacrifices et le vin blanc pour les libations. L’ensemble est remis au grand père maternel qui coordonne avec les initiés les rites se déroulant à l’intérieur de la case des cranes. Les rites consistent à égorger les chèvres, le sang étant répandu sur les pieds du postulant assis sur le tabouret, habillé d’un costume et d’un chapeau spécifique contenant une corne à boire.
A la fin de cette cérémonie, le jeune connait une indépendance et est affranchi. Selon nos informateurs, il a désormais le droit de s’asseoir sur une chaise, de porter un chapeau, de boire dans la calebasse, d’avoir un domicile. En plus, il faut prendre des engagements vis-à-vis de a famille relativement à une éthique de vie qui n’irait pas à l’encontre de certains principes. Cette cérémonie donne aussi l’occasion au futur adulte d’avoir son domicile et d’y organiser des cérémonies funéraires et autres. Lorsqu’il meurt, il est enterré chez lui, non pas au domicile familiale. Elle confère enfin l’autorité à l’homme car « Tant que tu n’as pas fait cette cérémonie, tu demeures l’enfant de ton père.»
Le rite du tabouret à trois pieds est donc fondamental en pays Bamiléké et plus spécialement dans le village Bamendjinda dans la mesure où, non seulement c’est le rite de la maturité mais aussi la symbolique de la chaise à trois pieds qui empêchera à celui qui s’assoit de tomber. Un riche patrimoine qui méritait notre attention et donc nous avons partagé.
Ulrich K. Tadajeu
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