L\'Afrique peut!

L\'Afrique peut!

Impossible de se convertir dans un Etat Hypocrite.

 Au sujet de l'Affaire Maurice Kamto

 

 

 

Maurice Kamto

 

 

Depuis le début de cette année 2012, le Cameroun est marqué par une pléthore d’affaires politiques, sociales qui font les choux gras de la presse et méritent non seulement notre attention mais aussi, notre point de vue.  Commençons par le commencement. L’année 2012 a commencé dans deux affaires terribles au moins l’une. L’affaire « Vanessa tchatchou », « Maurice Kamto », « Marafa Hamidou Yaya », « Tonye Bakot ». Voila des noms qui ont marqué la scène politico-sociale Camerounaise au courant de cette année. Nous débutons notre série par l’affaire Maurice Kamto.

 

Parlons de l’affaire Maurice Kamto. L’acteur principal est le professeur Maurice Kamto, avocat international et membre du barreau de Paris. Intellectuel très loquace, il s’est fait remarqué au cours de la décennie 1990 par ses prises de paroles assez rudes envers les pouvoirs Africains. Il invitait ces derniers à l’ « urgence de la pensée » dans un livre culte qui portait le même titre. Nommé ministre délégué auprès du ministre de la justice après sa brillante et active participation à la restauration de la péninsule de Bakassi au Cameroun, il a exercé cette fonctions pendant près de 7 ans avant de démissionner en novembre dernier, quelques semaines avant le remaniement ministériel du 9 décembre 2011 qui a suivi. Après cette démission, en janvier 2012, Maurice Kamto a voulu organiser une conférence de presse pour communiquer ses projets futurs ; lui qui annonçait déjà servir le Cameroun autrement dans sa lettre de démission. Dès lors, il est devenu un danger pour le pouvoir en place qui a tout fait pour l’empêcher de manifester d’une manière quelconque.

 

Ceci a été visible le 13 Aout dernier, lorsqu’après avoir déclaré la conférence de presse aux autorités, Alain Fogué Tedom a vue cette conférence interdite par les autorités parce que, disait l’autorité, l’objet de la conférence avait changé.  Pour certains, l’interdiction de cette conférence de presse était due au fait que Maurice Kamto devait y prendre part. Ces médias sont même allés jusqu’à se demander si le professeur de droit pouvait faire  peur au pouvoir camerounais. De toutes les façons, l’information relayée par la lettre du continent, reprise par le quotidien « mutations », montre que la fin de l’affaire Kamto n’est pas pour demain et on pourrait juste s’inquiéter sur son avenir politique.

 

En effet, comme tous ceux qui s’engagent en politique contre le régime Biya, des enquêtes seraient menées par la justice camerounaise au sujet de  la gestion par Maurice Kamto du code de procédure pénale. Selon cette information, il aurait détourné une somme mirobolante (affaire à suivre).  Une chose est sur, c’est que l’avenir politique du juge est incertain.

Titus Edzoa a essayé de défier le « président-Fondateur ». Il croupille en prison depuis plus d’une dizaine d’années, Marafa et bien d’autres ont essayé de le faire et l’épervier a marché sur leur tête. Verdict : 25 ans à Nkondengui (prison centrale de Yaoundé).

 

Finalement, ne serait-ce pas un pouvoir nécrophage qui profite de l’opération épervier pour écarter tout concurrent valable au fauteuil de chef de l’Etat ? Est-il possible d’être un opposant sérieux au Cameroun quand le pouvoir central s’érige en épervier susceptible de manger toutes les poules  subversives? De quel assainissement parle-t-on si l’opération épervier n’est qu’une opération à tête chercheuse fonctionnant à géométrie variable ? Quel est le destin des libertés publiques dans notre pays ?

 

L’enseignement de « l’affaire Kamto » est clair et sonne à l’œil. Il est plus que jamais difficile de sortir du parti au pouvoir et de se  positionner en réel opposant sans recevoir les foudres ou les coups bas des thuriféraires de ce parti. Pour rappel, depuis que Maurice Kamto a démissionné, il a voulu s’exprimer près de deux fois devant la presse mais il n’a reçu qu’interdiction. En même temps, et c’est la particularité dupe et hypocrite de notre champ politique, des apparatchiks du pouvoir disent « qu’ils attendent M Kamto sur le terrain ». Comment, après l’avoir interdit de s’exprimer sur ce qu’il veut faire, on l’attend sur le terrain ? Est-ce qu’on le lui permettra ? Comme certains l’ont dit, Maurice Kamto fait peur. Ce n’est pas le pouvoir en place qui le démentira, il fait peur pour ses idées, il fait peur pour le temps qu’il a passé dans un gouvernement et dont il a  analysé et a pu diagnostiquer les insuffisances.  

 

Je pense que l’hypocrisie du pouvoir Camerounais se confirme une fois de plus. Les libertés de toute sorte sont garanties par les textes y afférents dans notre Etat (constitution, textes de 1990…) mais la pratique tarde encore si bien qu’un administrateur vienne interdire une manifestion déclarée. On peut se demander si les libertés publiques notamment celle de manifestation n’appartiennent pas à certaines personnes ? Jusqu’à quand, va-t-on continuer à museler les choses et à empêcher les gens de manifester ce qu’ils pensent en invoquant des raisons qui n’ont rien à voir avec les textes ? Ensuite, avec les informations relayées par la lettre du continent, nous pouvons nous demander si l’opération épervier n’est pas une opération à géométrie variable ? Opération à géométrie variable parce que, certains de ceux qui sont accusés et peut-être même la majorité, sont reprochés des faits assez lointains mais ces dossiers ressortent dès qu’ils ont des velléités à s’opposer au régime en place. Le fondement de cette opération est de ce fait ambigu à travers l’affaire Maurice Kamto. L’hypocrisie, l’a-t-on déjà dit est une particularité de la postcolonie. Le Cameroun n’y échappe pas. En postcolonie, on dit tout le contraire de ce qu’on fait et on fait tout le contraire de ce qu’on dit.

 

Je dirai tout de même que le passé de ce Monsieur (Maurice Kamto) n’altère en rien son avenir politique. Ceux qui prédisent et prévoient déjà une dégringolade politique de sa part déclarant que si Maurice Kamto est un brillant universitaire, le champ politique c’est autre chose. En outre, ils déclarent que, Maurice Kamto a été au gouvernement pendant 7 ans mais il a observé l’atteinte aux libertés publiques et autres, ce n’est pas maintenant qu’il changera les choses. Ce n’est pas parce qu’on a été au pouvoir, qu’on ne peut pas changer les pouvoir, qu’on ne peut pas proposer quelque chose d’alternatif au pouvoir ? Le cas de Macky Sall est le plus évocateur ces jours ci. L’actuel président du Sénégal a été pendant longtemps au service de Abdoulaye Wade mais il a pu sortir, et proposer autre chose,  soutenue par une opposition unie.

 

L’affaire « Kamto » montre à merveille qu’il est difficil pour certains ex thuriféraires du pouvoir de se positionner véritablement sur la scène politique après leur sortie du gouvernement. Le régime camerounais comme la plupart des postcolonies, fonctionne sous le joug de l’hypocrisie. Les libertés publiques sont garanties mais dans la pratique, elles sont appliquées pour certaines personnes. Enfin, à la différence d’une certaine opinion, il faudra juger Maurice Kamto au pied du mur surtout en espérant que les règles du jeu seront, non pas à sa faveur, mais bien définies et claires pour tout le monde. Car, jusqu’ici, les règles du jeu ne sont pas bien définies et il n’a pas pu s’exprimer véritablement depuis sa sortie du gouvernement. Il est difficile en postcolonie de se convertir en opposant même si certains l’ont fait.    Qui Vivra verra !

 



28/09/2012
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