L\'Afrique peut!

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LA RESPONSABILITÉ

 

 

 

J’ai eu l’occasion tout récemment de discuter avec un ami qui  a eu une mauvaise note au contrôle continue et voici ce qu’il m’a dit: “l’enseignant m’a donné 06 alors que je méritais plus.” L’enseignant lui a donné. Mais je me suis rappelé de la phrase qu’il a prononcée à la suite de la proclamation des notes du premier semestre alors qu’il avait eu de bonnes notes : « j’ai eu  14 ». « J’ai eu ». Cette image selon laquelle lorsque quelque chose de mal nous arrive c’est l’autre qui est à l’origine et lorsque c’est bien, c’est nous qui en sommes les bâtisseurs est la preuve de ce que notre société est de plus en plus peuplée de personnes qui refusent d’assumer leur responsabilité indexant toujours l’autre dans ce qui les arrive. Mais est-ce comme cela que nous allons émerger ?  Je vous dirai d’abord divers aspects de cette perte de responsabilité avant de donner mon avis sur la gestion de cette crise sociale qui ralentit notre société.

 

La responsabilité  est notre capacité à poser des actes  et à les assumer peu importe leur dénouement.  Si je pose un acte ou je fais quelque chose, s’il aboutit positivement ou négativement, ma responsabilité sera pour moi d’assumer cet aboutissement. Ce n’est qu’un aspect de la responsabilité qui sied au contexte de ce papier.  De plus en plus cette responsabilité n’est assumée que lorsque le dénouement est positif, lorsqu’il est négatif comme c’est le cas avec mon camarade, nous n’assumons plus nos actes et rejetons l’origine et la responsabilité sur l’Autre. On a tendance à minimiser ce phénomène qui se transforme, petit à petit en une crise sociale, mais il se répand jusque dans les débats intellectuels et universitaires. On a par exemple suivi dans des chaines de télévision au sujet du Cameroun, des intellectuels, accuser les puissances étrangères de déstabilisation au Cameroun, mais de saluer  l’héroïsme des camerounais et de son chef lors de nos victoires.  Concernant le sport, l’éducation, la culture et autres, on voit bien des jeunes qui sont heureux et s’enorgueillissent lorsqu’ils réussissent, lorsqu’ils obtiennent des prix mais lorsque c’est le contraire, ils accusent l’arbitre, bref celui qui joue le rôle de juge ou même l’autre coté.  Prenons par exemple le cas de la réussite sociale, certains camerounais ont pris pour habitude de ne pas travailler et lorsqu’ils ne « réussissent » pas dans leur vie, d’accuser leur oncle ou leur frère qui est mieux loti matériellement comme quoi ce dernier les aurait « attaché » et aurait caporalisé toutes les chances de réussite familiale. Mais dès qu’il  accède à une certaine aisance matérielle, il se glorifie et chante ses louanges de travailleur déterminé. On peut en citer autant.  Nous pouvons tout de même tirer une conclusion : la société actuelle est gangrenée par une jeunesse, des hommes et femmes qui ont perdu leur responsabilité et cherchent à assumer des semi-responsabilités, celles qui découlent de l’aboutissement positif des actes qu’ils posent.

 

Quelle est la place de l’autre dans ma vie ? L’autre n’est-il qu’un enfer pour moi ? En rejetant mon échec sur l’autre, est-ce que je ne parviens pas à une carence d’auto questionnement, caractéristique d’une remise en question fondamentale dans mon cheminement individuel et collectif ?  

 

Ce constat m’emmène à faire des propositions. Certaines personnes pensent que l’enfer c’est les autres tandis que pour d’autres, le ciel c’est les autres. Mais que ce soit l’enfer ou le ciel, l’autre n’aura une responsabilité sur nous que si on le lui permet. Cela veut dire que si nous passons toute notre vie à rejeter la responsabilité de nos échecs sur les autres, nous disons au revoir à notre responsabilité dans notre vie pour laisser la place aux autres. Nous ne sommes plus qu’un simple habitant de notre propre vie tandis que cet « autre » devient le principal habitant de notre vie. En plus, il faut bien qu’on se le dise, comment allons-nous évoluer si nous ne nous questionnons pas  sur notre situation à partir de nous même ; Nous « auto-penser » pour panser nos plaies et nos limites afin de les corriger et les dépasser. C’est ce que le transfert de responsabilité entraine : « je suis fort, je suis intelligent.  Je ne peux pas avoir 07 sur cette matière, c’est juste l’enseignant qui m’a donné cette note. Il n’aime pas ma tête. »  Nous vivons dans ce monde de la glocalisation où l’ailleurs, l’autre, l’étranger a fait irruption dans ma chambre et le problème identitaire et de responsabilité est de plus en plus crucial. J’invite les jeunes frères africains à être davantage rigoureux dans leur approche des relations avec les autres. Il faut cesser de voir en l’autre, l’origine de tous nos maux mais aussi l’origine de notre succès comme ces deux amis au désert. L’un dit à l’autre, j’ai écrit le mal que tu m’as fait sur le sable parce que le vent peut l’effacer et le bien que tu m’as ait, je l’ai écrit sur la pierre pour qu’il ne s’efface jamais.  C’est dire que l’autre c’est aussi le paradis.

 Ulrich  K. Tadajeu



08/07/2012
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