L\'Afrique peut!

L\'Afrique peut!

La marche est longue pour mon pays

 

 

Crédit image: article.wn.com

 

J’ai regardé avec un intérêt particulier l’émission scène de presse hier dans laquelle tu étais panéliste. Il s’agit bien sûr d’une émission très connu par le public camerounais, une émission reconnue même et qui avec le temps, a acquis une certaine notoriété. Mais avec le temps, regarder cette émission est devenue une tradition pour moi,  non parce que les idées y fusent de partout mais parcequ’à travers elle, lire et décrypter les tares du Cameroun est très facile. C’est toujours le même décor, panel mal choisi, deux représentants du parti au pouvoir, vous savez le parti de la flamme qui a remplacé l’UNC au congrès de Bamenda en 1985 ; Des journalistes, des hommes de droit et autres triés au volet. Des invitations souvent surprenantes comme celle du très sincère Jean Bruno Tagne m’ont surpris et je ne suis pas seul.  J’ai été habitué à des panels univoques et unilatéraux. Dieu merci, mon assise intellectuelle m’empêche d’avaler les aberrations qui nous sont servies chaque dimanche par un présentateur pour qui j’avais l’admiration, il n’ya pas longtemps.

 

Mais à mesure que je regarde cette émission, je pense avec conviction que le chemin est long pour notre pays dans son périple pour l’émergence. Des panélistes aux questions posées, une idée est claire : l’émission relate l’idée d’un parti. Le parti du prince à travers des lieutenants qui avancent parfois des arguments et des exemples hors contextes. Les questions du panéliste vont dans le même sens. Très souvent la répartition de la parole sur le panel est discriminatoire et une fois que vous êtes un peu critique vis-à-vis du pouvoir, le journaliste vous avance des mots du genre, « c’est dangereux ». De même que le parti du renouveau avait un temps d’antenne assez astronomique lors de la dernière présidentielle, de même ces hommes dits « intelligents » par la présentation qui est faite en début d’émission, de même la prestation sur le panel prouve le contraire. On dirait qu’on invite les gens pour danser comme le présentateur veut et non pas comme les invités veulent. « Oh Cameroun ! Quelle image ! ».

 

Si nous voulons avancer, qu’on avance. Si nous voulons être démocratiques, qu’on le soit. Si nous voulons être compétitifs, qu’on le soit. Pour l’être, il faut aussi mettre les moyens à notre disposition. Ce climat politique, marqué par l’hypocrisie, la duplicité et le double-langage dans lequel on dit une chose et on fait son contraire, est une boite de pandore car lorsqu’elle s’ouvrira, même ceux qui font semblant d’être des amoureux du Cameroun, n’arriveront pas à la  Controller. De quoi ont-ils peur ? Comment à travers une émission aussi regardée sur notre chaine nationale, on décide de narrer une histoire dupe et hypocrite de notre pays ?

 

Cela montre, comme dans certains billets que j’ai eu à écrire, que ce que nous faisons depuis 1990 et que nous appelons Démocratie n’est que du démocratisme pur et simple, de l’hypocrisie très ouverte qui inquiète les jeunes camerounais que nous sommes et nous pousse à penser que la marche est encore longue pour notre pays. Elle est longue parce que nous refusons comme d’autres pays d’accéder à la démocratie à travers une certaine liberté d’expression et de manifestation ; elle est longue parce que nous avons bâti, au cours des deux décennies précédentes comme celles qui les ont précédés, une société sur fond de duplicité et de duperie. La conséquence et c’est ce qui m’inquiète de tout ceci est qu’à force de frustrer les camerounais de la sorte, l’élite politique camerounaise risque de produire quelque chose d’inimaginable et d’incontrôlable car comme le disait si bien John Fitzgerald Kennedy : « A force de rendre les révolutions pacifiques impossibles, on rend les révolutions violentes inévitables. »

 

Cette émission que vous connaissez tous et qui était d’une grande admiration pour moi par le passé mettant son présentateur, avec sa formule fétiche (le choc des arguments, le poids des idées), au sommet de mes journalistes préférés, est devenue avec le temps un moment d’énervement et de frustration  dans la mesure où, à chaque rendez-vous, c’est toujours la même chose : pas de débat, mais des lieutenants d’un parti qui viennent dire des choses  sans sens et subjectifs tout en muselant quelques panelistes souvent invités qui auraient des velléités à s’opposer aux lieutenants choisis pour la circonstance.

 

La recherche de l’unanimisme (le prince est bon, est saint, est un ange. L’opposition et certains camerounais qui posent problème) est un souci majeur. Si tu n’es pas engagé dans cet unanimisme, tu es ramené à l’ordre par le journaliste qui ne te laisse pas parler, ne veut pas t’écouter. C’est une sorte d’idée maléfique pour reprendre les termes du Pr Maurice Kamto.

La seule manière, à mon avis, de ne pas vouloir quelque chose, c’est de vouloir son contraire. C’est le cas au Cameroun, vouloir la Démocratie et empêcher son émergence par ce musèlement de la liberté d’expression est la preuve de ce que les ainés sociaux et quelques cadets qui les suivent parlent d’une émergence dont ils ne croient pas. La marche est longue pour notre pays même si je pense que nous arriverons un jour au bout du tunnel.

 

  Courage les amis !

 

 

Ulrich K. Tadajeu



24/08/2012
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