« La Crise Malienne est notre affaire à nous tous »
C’est à 16h30 minutes que la rencontre scientifique a débuté en la salle Manu Dibango de l’Alliance Franco- Camerounaise avec l’entrée des intervenants. Très vite, la modératrice, Mlle Xaverie Ndi, étudiante en Master en Histoire des Relations internationales, a pris la parole et a planté le décor en contextualisant l’organisation de cette conférence. Lequel contexte est marqué par l’actualité bouillante de l’Afrique. Après sa brève introduction, elle a passé la parole au premier intervenant, Dr Zacharie Saha, chargé de cours en Histoire et chef du département d’Histoire à l’Université de Dschang. Dans son propos liminaire, l’Historien est revenu sur le passé lointain et récent du peuple Touareg qui a proclamé l’indépendance de l’Azawad le 4 avril dernier. Il a de ce fait indiqué que le peuple Touareg actuel aurait profité, au XVIe siècle de la conquête du Royaume de Songhaï (actuel nord-mali) par le Maroc à cause des richesses de ce royaume, pour s’organiser mais a progressivement été marginalisé par les puissances coloniales et, étant un peuple nomade, ils ont commencé à développé la culture de la révolte pour s’émanciper. Les multiples révoltes qui ont eu cours depuis la période coloniale l’attestent à merveille.
C’est dans ce contexte, selon Dr Keutcheu Joseph, second intervenant, que la crise libyenne a accéléré l’Histoire récente du Mali. L’enseignant de science politique, dans une démarche structurée, est revenu sur les enjeux de la crise malienne. Mais avant d’y arriver, il a convié l’assistance à prendre trois précautions pour mieux comprendre cette crise. Ces précautions sont les suivantes : croiser la perspective du temps long et du temps court, tenir compte des dynamiques du dedans et du dehors dans la mesure où le Mali est inscrit dans l’extraversion des flux et les Touaregs ne se trouvent pas uniquement au Mali et enfin, éviter de condamner les acteurs en vertu de ce qui devrait être en faisant de fi de ce qui est. Or il faudrait combiner ce qui devrait être et ce qui est. Après cette mise en garde, il a organisé son propos liminaire autour de trois enjeux : les enjeux politiques encrés dans l’Histoire du Mali, les enjeux démographiques et économiques et les enjeux militaro-religieux. Il a détaillé ces enjeux en indiquant que les enjeux politiques sont encrés dans l’Histoire du Mali et sont relatifs à la crise d’identité des Touaregs qui sont un peuple nomade et donc des hommes libres. Mais ils ont été domptés dans des entités coloniales et par la suite dans des entités postcoloniales par les autorités qui ont pris en charge le destin des Etats Africains après les indépendances. En plus de cet enjeu politique, il y’a des enjeux démographique et économique. Ces enjeux sont portés pas les puissances qui se discutent les richesses dans la région. C’est le cas de la France qui, selon le politologue, instrumentalise l’esprit de révolte des Touaregs pour faire face aux réticences de certains chefs d’Etat. Ceci est d’autant plus pertinent que la région est très riche en matière première( pétrole dans la région de l’Azawad et l’Uranium à Kidal) et la France y connait une forte concurrence de la Chine. En plus certains leaders Touaregs caporalisent ces revendications, cette marginalisation pour se positionner politiquement. Enfin, le conférencier a évoqué, au sujet des enjeux économiques, un enjeu petro stratégique qui consisterait au soutien de la rébellion touarègue par certaines puissances étrangères pour avoir part aux ressources pétrolières après la victoire des Touaregs. Le troisième enjeu évoqué par Dr Keutcheu était les enjeux militaro-religieux. Il a parlé des risques d’instabilité dans la région et du risque de somalisation du territoire malien. En effet, il est revenu sur la défaite du guide libyen. Les combattants Touaregs qui avaient combattu à ses coté sont revenus avec des armes mais aussi avec d’autres nébuleuses Islamistes comme AQMI ( Al-Qaeda au Maghreb Islamique). L’enseignant a fini son propos par une inquiétude au sujet des objectifs poursuivis par ces groupes et nébuleuses présents au Nord Mali. Il s’est de ce fait demandé si tous ces groupes allaient se contenter du statut actuel ?
C’est par cette note d’inquiétude que la modératrice a reprise la parole et a introduite la seconde phase de la soirée marquée par la série de question réponses. Ces questions ont permis de clarifier les non-dits mais aussi d’ajouter quelques observations. C’est dans cette logique qu’au cours de cette série, les intervenants ont été d’accords sur le fait que dans un tel contexte, il fallait privilégier le Dialogue et donc la diplomatie et non les armes. Ils ont, en outre, dit que l’Histoire malienne a été accélérée par l’intervention occidentale en lybie. Cette crise libyenne orchestrée par les forces internationales en terre africaine a commencé à faire des victimes collatérales. Vivement que le gouvernement technocrate de Cheikh Modibo Diarra assure véritablement la transition et puisse redorer le blason démocratique du Mali. Il était exactement 19h05 minutes lorsque la conférence s’est achevée.
Ulrich K. Tadajeu
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