HABITUDES POLITIQUES A EXTIRPER EN TERRE AFRICAINE
L’actualité sénégalaise nous donne l’occasion de revenir sur certains problèmes de l’Afrique et d’en proposer quelques solutions. Car la situation au Sénégal peut être la même au Cameroun ou ailleurs. Alors nous appuyant sur deux interview du président Wade, nous voulons mettre en exergue des habitudes politiques à émasculer et à extirper. La première interview est celle qu’il accordée au quotidien burkinabè le pays, le 6 décembre 2010 dans laquelle Wade disait, au sujet de la situation ivoirienne, que : « Laurent Gbagbo aurait dû avoir l’élégance de Abdou Diouf ». La seconde interview est la plus récente. Elle a été accordée au Journal du Dimanche (JDD) français le 25 février 2012. Dans cette seconde interview, Wade déclare : « je ne suis pas docile. Je ne suis pas une negre de service ». Qu’est ce que le leader et le jeune Africain doivent retenir de cette actualité ?
En ce début de XXIe siècle, il y’a qui se croient encore père de la nation comme Abdoulaye Wade :« Je suis le président et le père de la nation. » en plus, ce sont les européens qui devraient savoir qu’il est le père de la nation. De quoi a-t-il peur en parlant des européens, lui qui était le premier à se rendre à Benghazi pour saluer et reconnaitre le CNT. Aujourd’hui, il dit que ce n’est pas aux européens de décider : « C’est ce que les Européens n’arrivent pas à se mettre en tête. Ce n’est donc pas aux Européens de décider. » Car il sait que les : « Français et les Américains cherchent à m’embêter ». « Ceci parce qu’il n’est pas docile et n’est pas un nègre de service ». Que faisait-il à Benghazi ? Si ce n’était de faire comprendre à Kadhafi d’être un negre de service.
Or il a dit à son confrère nigérian, olesegun Obasanjo, en 2006 de ne pas briguer un troisième mandat. Ce dernier l’a fait et tout récemment, le prédécesseur de Goodluck Jonathan a déclaré à ce propos : « je ne l’ai pas fait. Il doit savoir aujourd’hui ce qu’il a à faire». Mais est-ce que Wade a vraiment su ce qu’il avait à faire ? Lui qui en 2000, arrivait avec le label « sopi » qui signifie changement en Wolof, n’a-t-il pas déçu plus d’un sénégalais comme le montre l’attitude des sénégalais lors de son arrivée dans son bureau de vote ? N’a-t-il pas déclaré le 6 décembre 2010 à un quotidien burkinabè que : « Laurent Gbagbo aurait dû avoir l’élégance de Abdou Diouf» ? Pourquoi lui à son tour, il n’a pas suivi les traces de son prédécesseur en s’écartant sans toucher la constitution ?
Malheureusement, au lieu de voir cette réalité, il préfère, comme c’est le cas pour les perdants de voir les manipulations partout : « Ils sont manipulés par des politiciens machiavéliques qui n’oseront jamais mettre leurs propres enfants dans la rue. » « ils » représente ici les jeunes qui manifestaient dans la rue pour demander Wade de ne plus se présenter. Finalement, partout en Afrique, il y a cette mauvaise pratique qui consiste à vouloir toujours infantiliser la jeunesse. Parce qu’elle ne peut plus revendiquer ce qui lui revient de droit : à peine, elle le fait, on y voit la main des politiciens. Le cas Vanessa Tchatchou est très explicite pour ce qui est du Cameroun.
Ce qui nous a davantage marqué dans cette interview qu’il a accordée au journal du Dimanche, c’est cette mystique africaine consistant à se justifier prenant appui sur ce que ses prédécesseurs n’ont pas fait. Il déclare d’ailleurs, au sujet des délestages : « je les ai hérités de mes prédécesseurs socialistes » . Au sujet des importations sans cesse croissantes, il déclare : « j’ai hérité d’un Pays qui dépendait des importations». Alors lui, s’il n’a rien fait, au moins, il a mieux fait que ce qui était la et le pays, donc le continent avance à pas de tortue ou « progressivement ». Sans savoir que cet adverbe "progressivement" accentue l’inertie et fait que les leaders ne prennent pas véritablement en compte la contrainte du temps. Bref c’est une manière de justifier son bilan même s’il est médiocre qui consolide le « sur place ».
La réalité du Sénégal est la même un peu partout en Afrique : d’abord les constitutions taillées sur mesure au rythme du prince président qui s’érige quelque fois en président fondateur ou en père de la nation. Or cette pratique n’est pas favorable à susciter davantage d’adhésion à la politique et tout compte fait le peuple ne croit plus aux paroles politiques, parce que même quand il dit : « je ne me présenterai plus », quelques temps avant, il refait la constitution avec une assemblée qui lui est majoritaire. Pourquoi ne pas faire un referendum ? ça a été le cas en 2008 au Cameroun et le père d’Etoudi a été réélu en 2011. C’est aussi le cas au Burkina Faso. Bref la réalité du Sénégal peut s’appliquer dans plusieurs pays africains.
En plus, il faudrait que nous africains comprenions que la main de l’autre n’est pas partout et que si en définitive l’occident met sa main, c’est après que les leaders locaux aient eu ras-le-bol. Ce sont les occidentaux qui ont amené les jeunes du M23 et Y-en –a marre à aller dans la rue ? Ce sont-eux qui ont dit aux sénégalais de huer Abdoulaye Wade dans son Bureau ? Il faut qu’on cesse d’infantiliser la jeunesse africaine, en disant que tout ce qu’elle fait, elle est soit manipulée par les politiciens ou de l’extérieur parce que cette jeunesse a des rêves et des aspirations qu’elle aimerait réaliser. Alors si elle est dans un système qui l’empêche de rêver, c’est clair qu’elle voudra faire des pieds et des mains pour réaliser ses rêves. Au lieu de dire : « ils sont manipulés », « ils(occident) ne veulent pas que je reste », il serait bien pour les leaders africains de se demander : « Que veulent ces jeunes ? Que me demandent-ils? Quel contrat ai-je signé avec eux ? Est-ce un contrat de tromperie ou de duperie que j’ai signé avec ces jeunes qui représentent le futur de ce monde ? »
voila les questions qu’il faut se poser de la part des leaders actuels non seulement pour aider la jeunesse à entrer véritablement en possession de son futur à travers une insertion socio-économique et politique véritable, mais aussi pour qu’eux mêmes entrent dans l’histoire comme étant ceux qui n’ont pas été hédonistes mais qui se sont souciés pour leurs cadets et ont eu à cœur de laisser un Héritage aux enfants de leurs enfants. Ainsi la jeunesse pourra « se tenir debout » en utilisant le verbe « être » afin de « maitriser l’avenir qui la provoque ».
TADAJEU KENFACK ULRICH
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