L\'Afrique peut!

L\'Afrique peut!

Au Cameroun du « ras du sol », il ne fait pas bon vivre.

Dans ce billet, je décris quelques faits récents au Cameroun qui ont eu un impact chez le camerounais lambda pour dire qu’il ne fait pas si bon vivre comme les dirigeants le prétendent.

 

 Des Camerounais en quete d'eau dans la ville de Dschang.

 

J’ai été marqué cette semaine par la communication gouvernementale autour de l’enlèvement des 7 Français. Chaque ministre (Issa Tchirouma et Bello Bouba Maigari) est monté au créneau et nous a dit que le Cameroun est un pays où il fait bon vivre. Je ne les en veux pas. C’est leur boulot que de dire de telles choses afin que les investisseurs puissent venir au pays ainsi que les touristes. Ceci dans la mesure où le Cameroun a besoin de ces investisseurs pour sa croissance économique mais aussi des revenus de l’activité touristique pour atteindre ses objectifs et montrer son patrimoine culturel et artistique au monde. Mais, est-ce que le Cameroun est un pays où il fait bon vivre pour la majorité ?

 

Un enlèvement surprise mais riche en leçons

Ce n’est pas la coutume au Cameroun, il faut le rappeler. On enlève rarement des étrangers au pays de Ruben Um Nyobe. Mais ce n’est pas à cause du président c’est juste parce que le Cameroun est un pays béni de Dieu. Aussi les Camerounais ne dérangent pas beaucoup. Mais cette semaine, ils l’ont fait. Je ne sais pas exactement qui. Mais des étrangers comme de coutume ce sont les Français ont été enlevés au nord de notre pays à la sortie du parc de Waza et en route pour un autre parc. Une fois n’est pas coutume mais n’est ce pas le signe de ce que ceux qui gèrent les institutions  Camerounaises doivent arrêter de mentir le peuple et la communauté internationale ? A mon avis, c’est la leçon de cet évènement malheureux. Car, à la réalité, le Cameroun est-il un havre de paix où il fait bon vivre du moins au ras du sol c’est-à-dire par le bas ?

 

Un climat social bon dans le visible mais mauvais dans l’invisible

Pour qu’il fasse bon vivre dans un pays, il faut que le climat social soit bon, il faut qu’il y’ait de l’eau et de l’électricité et que le citoyen moyen soit en mesure de satisfaire ses besoins propres. Au Cameroun, le climat social est bon dans le visible mais dans l’invisible je ne sais pas et je n’en suis pas sur. Il est bon dans l’invisible parce qu’il est rare d’entendre parler de conflit, de guerre, d’affrontement en terre Camerounaise. Certains en abusent en faisant croire aux plus naïfs que c’est Paul Biya qui a amené la paix au Cameroun comme si avant lui le Cameroun vivait en guerre. Ceci étant dit, comme disent certains l’absence de guerre n’est pas synonyme de paix.

 On observe toujours au Cameroun des crises, des répressions invisibles c’est-à- dire des gens frustrés, stressés par leur vie, par le niveau de la vie, par le manque d’expression, par toute sorte de problème qui les empêche malgré leur niveau professionnel ou académique de vivre aisément. Ces derniers se retrouvent dans des églises dites réveillées ou des sectes dans lesquelles un gourou illuminé prétend avoir découvert Dieu dans ses rêves et ses incantations. On observe des gens de surcroit jeunes qui meurent au quotidien d’infarctus, d’accidents Cardiovasculaires et de tout autre mal lié au stress que la dureté de la vie et la souffrance leur donne d’endurer au quotidien. Une sorte de chemin de croix quotidien. Voila la partie invisible, cette partie cagée de l’iceberg Camerounais. Celle du Cameroun du ras du sol, celle des Camerounais qui vivent au quotidien une souffrance inestimable. Est-ce qu’il fait bon vivre dans un tel contexte ?

 

Une corruption institutionnalisée

Ceci est d’autant plus frustrant que la corruption a été institutionnalisée. Cette corruption, acte quotidien des ainés de la pyramide sociale, conduit à une confiscation des biens étatiques par et entre ces ainés. Ils redistribuent ensuite à travers le népotisme et le néopatrimonialisme à leurs familles, à leurs villages et à leurs clans. C’est ainsi que certains sont excessivement riches parce qu’ils ont réussi à s’accaparer l’Etat et d’autres,  croupissent sous la misère quotidienne et n’ont de rêve que la mort. Une mort qui apparait comme une libération des supplices et des injustices de notre pays. Certains mangent à leur faim mais d’autres n’arrivent pas à le faire. Il devient illusoire dans l’imaginaire des hommes et des femmes du Cameroun de parvenir à un certain rang social sans avoir corrompu et s’être fait corrompre, sans avoir « trempé » les mains dans une secte mystico-religieuse, source de pouvoir et d’argent facile.  Cette corruption est réelle et, seul le bas peuple, est victime. Tout récemment d’ailleurs, on annonçait un dernier candidat pour Kondengui : le Trésorier Général Payeur de Yaoundé. Après le Gouvernement de Kondengui, dans les prochaines années, il y’aura la République de Kondengui et les choses n’avanceront pas.  La corruption est une réalité et elle empêche la majorité du peuple de vivre dans des bonnes conditions.

 

Il n’ya pas d’eau potable

Le Camerounais lambda n’a plus d’eau ni d’électricité depuis près de cinq ans. Depuis deux mois, la situation s’est aggravée. Les délestages dans tout le pays. Coupures de longue durée.  De 10h à 01h du matin parfois. Pour ce qui est de l’eau, c’est clair qu’il n’ya plus d’eau au Cameroun depuis belle lurette. Les images des chaines de télévisions sont éloquentes ainsi que les images quotidiennes des points d’eau dans les villes du Cameroun. Il n’ya pas d’électricité ni d’eau. Comment vivre ? En quoi fait-il bon vivre si l’eau c’est la vie ? L’eau n’est-elle pas devenue la mort au Cameroun ?  Car ce qui peut produire quelque chose peut facilement produire le contraire. Autant le maçon peut construire une maison, autant il peut en détruire aussi facilement. Concernant l’eau, les Camerounais ont été témoins il y’a un ou deux ans des ravages de l’épidémie de Choléra sur l’étendue du triangle national. En l’absence d’eau potable, il fallait faire avec les moyens de bord et se servir dans les points d’eau salle. Beaucoup de Camerounais y ont laissé leur vie.  Cela étant dit, il faut remarquer qu’il ne peut pas faire bon vivre dans un pays où il n’ya pas d’eau quand l’eau c’est la vie. Surtout pour ceux qui, comme le Camerounais du ras du sol, ne peuvent pas s’acheter des bouteilles d’eau minérale. Le Camerounais du ras du sol ne vit pas bien.

 

La République dans l’obscurité

Concernant les délestages, c’est désormais une passion pour ceux qui gèrent cette société de distribution d’énergie électrique : nous priver d’énergie. Mais les pouvoirs publics doivent savoir que quand on coupe l’électricité, le cout de la vie augmente et le pouvoir d’achat des Camerounais du ras du sol n’est pas en mesure de satisfaire leurs besoins. Tenez, un petit exemple. Quand on coupe l’électricité à Dschang, les gens font tourner leurs groupes électrogènes du matin jusqu’au soir. Avant le cout des services et des biens, il y’a une pollution de l’environnement. Les coiffeurs qui vous rasaient la tête à 300 Fcfa montent à 400 Fcfa. Pour faire les impressions, Dieu seul sait combien d’impressions un étudiant peut faire par mois, au lieu de 25 Fcfa la page, ça passe à 50 Fcfa sans réduction. Imaginez, si vous avez 100 impressions à faire ! Certains cybers café augmentent le prix des heures de surf. Bref, quand il y’a coupure, le cout de la vie augmente et il ne peut pas faire bon vivre pour le citoyen lambda. 

 

Voila le Cameroun tel qu’il est par le bas c’est-à-dire le vrai Cameroun, celui du quotidien de la majorité. C’est le Cameroun réel et non pas le Cameroun virtuel qui n’a rien de commun avec ce que je viens de décrire. Ce ne sont que des faits et comme j’aime à le dire les faits sont têtus. Il ne faut pas être sorciologue encore moins myope pour voir ce Cameroun de tous les jours. C’est un Cameroun qui a tout (ressources humaines, naturelles, culturelles…) pour écrire son futur en lettre d’or mais qui ne le fait pas à cause du mensonge et de l’hypocrisie de ceux qui s’en sont accaparés et le pilotent à leur guise, dictés par des impératifs buccalo-bachiques (manger et boire).  J’aime mon pays le Cameroun, j’aime ceux qui le dirigent mais je n’aime pas ce qu’ils font car ils ne font pas bien ce qu’ils ont à faire. J’ai écrit ce billet parce que, pour que le Cameroun soit attractif, il faut présenter les problèmes tels qu’ils sont et cesser de mentir car le mensonge n’a jamais construit. Ainsi les jeunes générations sauront à quoi s’attendre et s’armeront pour construire ce pays avant qu’il ne soit trop tard même si certains pensent qu’il n’est jamais trop tard.

Respect aux Camerounais du ras du sol !



24/02/2013
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