Réaction ouverte à Abbach kamaté « L’occident est-il un frein au developpement de l'Afrique? »
Tous les problèmes d’analyse de l’Afrique et sur l’Afrique aujourd’hui se heurtent à ce problème de responsabilité. Qui est responsable de quoi ? Est-ce le frère ou le père qui est responsable de la déchéance du fils ou du frère ? La position des uns et des autres face à cette question montre à suffisance qu’on ne comprend pas l’Afrique dans sa totalité. Certains pensent que l’occident est un frein, d’autres que c’est un accélérateur mais personne ne parvient à la réalité selon laquelle ces deux peuples sont liés et imbriqués même s’il s’git d’une liaison forcée et dangereuse. Pour moi le développement c’est la capacité pour des gens de bien vivre. Cela veut dire que le développement est le fruit de plusieurs actions déclinées sur les plans social, politique et économique. Selon mes connaissances, le contact entre l’Afrique et l’occident date des siècles avant Jésus-Christ mais ce premier contact n’a pas été aussi prédateur que les suivants. La présence de l’occident en Afrique s’est toujours fait dans le souci de se développer et d’extraire les ressources du continent au profit de la métropole ou des expatriés en terre locale (pieds noirs d’Algérie). Pour ce faire, cette entreprise machiavélique à travers les siècles s’est appuyée sur un socle idéologique très original. Ça a été le racisme pour l’esclavage, la supériorité de la race blanche sur la race noire pour la colonisation. Bref les même causes produisant les même effets, l’Europe s’est « développé en Afrique » au fil des temps en remettant en cause l’origine negre des anciens égyptiens, en prenant la main d’œuvre Africaine pour qu’elle aille produire la richesse en Amérique du sud et rentrer sur le vieux continent avec d’autres richesses, en pratiquant la fameuse mise en valeur qui consistait à extraire toutes les richesses africaines pour le développement de la métropole. Ainsi, la soif de supériorité et de pouvoir sur le monde depuis l’antiquité, a amené les occidentaux à se servir de l’Afrique pour se développer. Donc la responsabilité de l’occident dans la situation actuelle des Africains n’est pas à ignorer tant sur les plans matériels comme suscités qu’immatériels (psychologie, culture…) Pour être clair à ce niveau, je vous recommanderai de lire les contributions suivantes dans Adama Ba Konaré (Dir), petit précis de remise à niveau sur l’histoire africaine à l’usage du président Sarkozy, paris, la découverte, 2008. 362 P : Maiga hassimi Ousmanou, « quelques aspects de la contribution de l’Afrique au développement du Nouveau monde et de la France », PP 177-187 et Igue O. John, « le rôle de la colonisation dans l’ « immobilisme » des sociétés africaines.», PP 215-226. L’autre aspect de la place de l’occident est certainement la période postcoloniale avec les fameuses ingérences humanitaires, culturelles en Afrique, la Françafrique pour la France et la lenteur économique, politique de l’Afrique Francophone.
Mais rendre l’occident comptable de ce que nous sommes au début de la seconde décennie du 3eme millénaire de l’ère chrétienne, c’est faire abstraction de près de 60 années d’Histoire. En effet, les dernières décennies de la colonisation ont été marquées par un collaborationnisme de la part de nos élites, lesquels collaborationnistes allaient en concomitance avec les intérêts des pouvoirs externes. Ces derniers qui voulaient « partir pour mieux rester » ont trouvé en ces collaborationnistes des bons appuis pour continuer de contrôler les ressources et l’argent des pays africains. A ce niveau, on voit l’entrée en jeu des acteurs africains à savoir les élites dirigeantes qui ont remplacé les colons. Lesquelles élites ne voulaient aucunement la souveraineté mais par leur positionnement étaient plus en même de garantir les intérêts des puissances nouvellement parties. Pascal Blanchard et Nicolas Bancel parlent « d’élites de compromis ». Ce sont ces dirigeants des premières heures qui, par leur conception du pouvoir, de la nation, de l’Etat et surtout de l’économie, ont mis à mal nos Etats dans leur dimension postcoloniale. Au Cameroun, par exemple, avant 1966, il y’avait plusieurs parties qui animaient la vie politique mais une fois au pouvoir, Ahmadou Ahidjo a trouvé que cette multitude de partis politiques serait un frein à l’unité nationale et a mis sur pieds le parti unique et l’autoritarisme en a suivi. Ce n’est plus la France qui le fit mais c’est le Cameroun et son « hyper-président». Dans cet autoritarisme, Maurice Kamto nous dit qu’il était impossible de réfléchir sur notre situation et notre condition parce que tout intellectuel qui pensait différemment que l’ordre établi était qualifié de subversif et pouvait se retrouver à Tcholliré ou à Yoko. On peut en citer autant qui montre que la prise partielle de nos destins suite aux indépendances fut la transition d’un pouvoir autoritaire colonial à un pouvoir nécrophage postcolonial. Le pouvoir servait à produire la vie ou la mort. Mais la plupart du temps, c’était la mort. Mais j’aimerais qu’à ce niveau, on retienne que si aujourd’hui, il n’ya pas de démocratie en Afrique, il n’ya pas d’éducation véritable, il n’ya pas d’Agriculture, c’est à mettre à l’actif de tous ces acteurs mais plus encore les acteurs locaux qui ont pris en main notre destin postcolonial.
Ce rappel me permet d’esquisser des solutions. Je pense que les Africains doivent se mettre au travail et voir l’occident à la fois comme un atout et inconvénient. Un atout parce qu’il faudra faire avec lui mais en revoyant les bases des négociations et des partenariats. Il faut travailler à mettre sur pieds une économie, une civilisation, un pouvoir politique compétitif au lieu de réprimer tout génie qui nait. Ainsi les négociations nous permettront d’aller d’égal à égal. Dans cette entreprise, les Africains doivent revoir leur négociations aussi avec la Chine au sujet du transfert des technologies car s’il y’a une chose qui a fait de la Chine ce qu’elle est aujourd’hui, en plus du travail dont connait l’esprit Chinois, c’est ce transfert des technologies de l’occident vers la Chine dans les décennies 80-90. Un inconvénient parce que comme tout autre acteur du système international, l’occident recherche ses intérêts et se battra aussi longtemps pour garantir ses intérêts peu importe les pouvoirs « les pouvoirs passent, les intérêts restent » Laurent Fabius. Dans cette situation, les dirigeants Africains doivent apprendre à défendre les intérêts des peuples qui les ont mis à la magistrature suprême car, comme le disait un grand ami sur facebook, « les occidentaux ne viendront pas défendre nos intérêts que nos dirigeants même ne défendent pas » et moi je dirai que « les occidentaux ne viendront pas développer un continent dont les leaders même n’en veulent pas ».
Ulrich K. Tadajeu
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